Séminaire : l’art de l’appropriation (2)

, par Déotte, Jean-Louis, Odello Laura, Szendy Peter ( MCF philosophie, Paris 10)


séances à la Maison des sciences de l’homme Paris Nord
14h-17h, salle C
mardi 11 janvier, mardi 25 janvier, mardi 1er mars, mardi 22 mars, mardi 26 avril

• Le séminaire tentera d’interroger, de penser la notion d’appropriation en tant que forme de l’expérience. Deux acceptions dominantes, deux registres émergent de l’histoire du mot appropriation : la propriété ou l’assimilation ; l’adaptation ou la propreté. C’est à partir de cette constellation sémantique du terme que nous engagerons une réflexion philosophique sur la subjectivité, sur le sujet métaphysique comme souveraineté, c’est-à-dire sur le pouvoir de toute ipséité d’être proprement soi-même. A travers l’analyse de textes philosophiques, littéraires et cinématographiques (Heidegger, Derrida, Calvino, Lars von Trier…), le séminaire tentera de montrer comment le dispositif de l’appropriation précède et produit la notion de propre : l’instance même du sujet peut être considérée comme s’inscrivant dans un processus d’auto-appropriation dont il ne serait que l’effet. Cette réflexion nous préparera à questionner l’appropriation dans sa dimension politique : le regard, l’écoute, la lecture et l’écriture comme dispositifs de maîtrise.

• séances au collège international de philosophie, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
18h30-20h30, salle JAO5
mardi 1er février, mardi 8 mars, mardi 5 avril, mardi 3 maiUE : Philosophie de la culture et de l’image
Niveaux : annuel, master
Horaire : mardis, bimensuel, de 14h à 17h
Lieu : MSH Paris Nord

1. Il s’agira, d’une part, d’étudier les représentations artistiques de la souveraineté, c’est-à-dire d’analyser, à travers les figures de l’art, l’exercice du pouvoir, sa pratique. Le cinéma, les arts plastiques, la littérature ou la musique donnent en effet à voir, à lire ou à entendre, bref, à déchiffrer une certaine rhétorique du souverain. A savoir une rhétorique du propre et de l’appropriation.
2. D’autre part, le rapport du spectateur, de l’auditeur ou du lecteur à l’oeuvre d’art se présente lui aussi comme un rapport d’appropriation. L’un des fils de Bach décrivait l’écoute comme "un vol toléré". Et l’on pourrait certainement en dire autant de la lecture, voire du regard. Une appropriation de l’art, donc, qui devient aujourd’hui un enjeu géopolitique - en termes de propriété artistique et littéraire, en termes de marchandisation et d’industrialisation -, qu’il s’agira de penser à partir du concept de nomos, à la fois "prise de terre" et inscription légale d’un partage. L’enjeu de ce nouveau nomos de l’art, c’est évidemment sa diffusion et son commerce mondialisés par les télétechnologies planétaires.
3. Il s’agirait, enfin et surtout, d’articuler la représentation du pouvoir avec les pratiques d’appropriation de l’oeuvre ou du texte. C’est-à-dire d’interroger la souveraineté dans la lecture, dans le regard ou dans l’écoute.

Lecture conseillée :
Jacques Derrida : Séminaire : La bête et le souverain, T.1 et T.2
Melville : Le Grand Escroc
Carl Schmitt : Le Nomos de la Terre.