Fernand Deligny, les frontières matérielles et langagières

, par Sylvie Parquet


Dans un article « L’autisme sans frontières » (paru dans la revue Le passant ordinaire, n°37, novembre-décembre 2001) Bertrand Ogilvie souligne que Fernand Deligny « est sans doute l’un de ceux qui ont le plus profondément bouleversé les frontières des catégories et des territoires que les sociétés de contrôles réservent au vivant humain ».

Les travaux et la vie même de Deligny ont été une remise en question permanente des frontières matérielles et langagières dans lesquelles doivent évoluer normalement les a-normaux, les exclus de l’existence sociale.
En partant pour Monoblet en Cévennes (sud du Massif central, en France) avec Janmari un enfant autiste puis avec d’autres, il s’approche d’un « espace infini » nécessaire selon lui, à la vie des enfants autistes. Il redéfinit les espaces habituellement dévolus aux êtres à part que sont les autistes. Eux qui n’ont pas de limites. Là, plus de représentation normative des corps, du langage, des comportements.
Les déplacements sous forme de « lignes d’erres » de ces enfants, relevés par Deligny, renvoient à une forme de pensée particulièrement singulière.
On pourra s’interroger à la lumière de cette expérience sur les « limites imposées par les frontières problématiques », sur les déplacements, les espaces.