La Frontière de Pascal Quignard et les azulejos du palais Fronteira.

, par Françoise Bouvier


Quand j’ai pris connaissance du thème de l’université d’été de Porto, j’ai associé immédiatement l’intitulé au titre du roman, traduit en portugais dès sa parution en 1992, de l’auteur français Pascal Quignard : La Frontière. Ce récit lui avait été directement inspiré par les azulejos qui ornent cours et jardins du Palais Fronteira construit dans la seconde moitié du XVIIème siècle après la fin des guerres de Restauration de la monarchie portugaise, à la lisière de Lisbonne. Pascal Quignard y conte, à partir de sa propre découverte et connaissance de cet ensemble impressionnant, l’histoire sanglante d’une double vengeance.

Il n’est pas pensable que le titre donné par P. Quignard le soit simplement et uniquement en référence au nom du lieu qui lui inspire cette narration. Le bestiaire souvent anthropomorphique tracé sur les azulejos et la « sauvagerie » de nombreuses scènes représentées dans l’écriture si aiguë de Quignard , peuvent inviter à donner sens au titre par rapport à un paradigme anthropologique ; ce serait sans doute une interprétation trop immédiate pour être suffisamment pertinente.

Je peux me proposer d’interroger ce titre -La Frontière, donc- à partir et au-delà de son énoncé manifeste, et tenter un petit parcours métaphorique, avec le risque de me perdre, dans l’architecture de ce texte qui résonne du bleu des présences mystérieuses dessinant un univers d’une si inquiétante étrangeté.