Voter... Le moindre mal ?

, par Sylvie Parquet


Le prochain "salon" de l’association se tiendra

lundi 12 mars
à 18 H 30

Au siège de la LDH
138 rue Marcadet, 75018 Paris,
métro Lamarck-Caulaincourt - Ligne 12

Deux intervenants ouvriront les débats, Philippe Hauser et Alain Brossat, professeurs de philosophie.

Le suffrage universel ou l’usurpation démocratique

Le vote, le suffrage universel, ont toutes les apparences de l’acte démocratique par excellence. Ils ont pour vocation de réaliser le rassemblement de toutes les volontés particulières dans un grand corps politique. Par définition, le suffrage universel est censé produire un peuple, il se donne comme la condition – et, à l’heure de la démocratie réalisée, comme la condition exclusive – de la politique, dont la fin première est la conservation par tous les moyens de la souveraineté. Un peuple ne serait donc souverain que dans le transfert-abandon de sa volonté à ses représentants. C’est ce transfert, fondateur du concept classique de souveraineté qui fait problème. Il suffirait de convoquer le Rousseau du Contrat social pour se souvenir que la volonté ne se transfère pas, qu’un peuple n’est un peuple qu’en tant qu’il conserve intacte sa volonté législatrice. Historiquement, le triomphe du suffrage universel coïncide avec celui de la pensée libérale, dont le credo (Benjamin Constant) est la séparation de la vie sociale et de la vie politique, et la conséquence la constitution d’une classe politique de professionnels chargés de gouverner et de légiférer au nom du peuple. C’est cet « au nom du peuple » qu’il convient de rendre problématique, contre le consensus lénifiant de toutes les « sciences politiques » actuelles. On supposera, par hypothèse, que la politique ne peut faire retour qu’à la condition que le peuple se souvienne de son nom et qu’il réaffirme avec force (et violence) que la souveraineté déléguée, si elle est un fait devenu la norme des Etats de droit contemporains, est toujours une usurpation.

Philippe Hauser

Voter... Le moindre mal ?

Peu nombreux sont aujourd’hui ceux qui voient encore l’exercice du droit de vote comme un devoir civique impérieux, incontestable fondement du bon fonctionnement de la démocratie représentative. Beaucoup plus nombreux sont, en revanche, ceux qui continuent d’attribuer à la participation, plus ou moins sporadique et conditionnelle, au jeu électoral un geste politique quand même, une sollicitation périodique à laquelle le citoyen se devrait, en dépit de tout, de répondre... Entre ce grand nombre qui voit la participation aux élections comme un moindre mal et ceux qui, par conviction raisonnée, s’abstiennent de toute participation au « cirque » électoral, s’étend une vaste zone grise dans laquelle se formulent et se confrontent les analyses et les prescriptions les plus variées. C’est à ce qui se joue dans cet entre-deux que sera consacré cette séance de notre salon.

Alain Brossat