Troisième rencontre sur le thème : majorité/minorité

, par Sylvie Parquet


L’association “Voyons où la philo mène...” organise une troisième rencontre

les vendredi 13 juillet au soir, samedi 14 et dimanche 15 juillet 2012

au gîte “le Closet” 25330 Fertans (17-19 grande rue).
Site du gîte (avec plan d’accès) : http://www.gite-lecloset.com

sur le thème : Majorité/minorité

Argumentaire :
Deleuze nous prit un jour par surprise en questionnant notre désir de devenir majoritaire, en jetant la suspicion sur tout devenir-majoritaire – ce désir n’est-il pas établi au cœur de la culture démocratique, et quoi de plus solide que la procédure par laquelle se dégage, périodiquement, une majorité légitime, par l’exercice du droit de vote et le moyen du suffrage universel ?
L’insistante suggestion qui nous est ici faite d’inverser l’énergie de notre désir, de nous mettre en quête d’un devenir-minoritaire nous trouble. Elle nous conduit à nous interroger sur les assises et la consistance de tout fait majoritaire, mais aussi à réexaminer le lien que nous établissons subrepticement entre condition majoritaire et état de majorité. En quoi le dernier, comme condition désirée de l’homme moderne (Kant) est-il indissociable de la composition de majorités légitimes susceptibles d’opiner et décider au nom de tous ? Et pourquoi ne pourrions-nous pas être des majeurs tout en assumant et même en visant activement une condition minoritaire ?
C’est bien souvent, énonce l’expérience historique la plus élémentaire du XXème siècle, par les majorités que les catastrophes adviennent tandis que ce sont, parfois des minorités, même infimes, qui « sauvent le monde » - un constat qui, à lui seul, suffit à ébranler le culte du fait majoritaire.
Mais il y a plus : et si des notions aussi vitales que l’expérience de la communauté, l’intelligence des situations, le courage de la vérité ne faisaient sens que sous condition de l’être ou du devenir minoritaire ? Et si l’aspiration à vivre et penser autrement ne trouvait ses chances de réalisation que dans ces traversées des formes minoritaires ?

Programme :

Vendredi 14 juillet : accueil au gîte à partir de 19h30 avec repas en continu.

Samedi 15 juillet :

Chaque intervention sera suivie d’une discussion.

9h45 « Langues et politiques « mineures » » Manola Antonioli

L’intervention se propose d’analyser la pensée des « minorités » que Deleuze et Guattari exposent dans Mille plateaux et de la mettre en parallèle avec l’étrange topologie de la langue et de l’écriture (majeures/mineures) dont ils explicitent la portée politique à partir de leur étude de l’œuvre de Kafka. Dans la politique comme dans le langage, les minorités ne se définissent pas par leur petit nombre, mais par le devenir, la flottaison ou l’écart qui les séparent des majorités constituées.

12h30 Repas

14h30 Ballade dans les environs

16h Film « Charles mort ou vif » de Alain Tanner

suivi d’une discussion animée par Sylvestre Soulié et Philippe Roy

18h30 « La division sociale est-elle irréductible ? » Philippe Caumières

Mon propos sera d’interroger la manière dont Lefort pense la démocratie comme accueil du conflit, reconnaissance de la division structurant la société, division exprimée par Machiavel dans sa manière de souligner que toute société est en proie à un conflit entre le désir des Grands de commander et de dominer, et celui du peuple, cherchant à ne pas être commander ou dominer.

20h Repas

Dimanche 16 Juillet

9h45 « Pourquoi ce sont les minorités qui font, confortent, voire fondent, la démocratie authentique. » Jean-Pierre Dacheux

Les minorités sont « ce qui reste », après une élection, une fois que s’est imposée une majorité. Autant dire qu’il n’est pas de majorité sans minorité(s), si l’élection est libre. Les Roms constituent, en Europe, « la minorité majoritaire », autrement dit, ils représentent la plus nombreuse des minorités sur le continent. Cependant, ils votent peu, ou pas, parce que leurs préoccupations ne leur apparaissent pas prises en compte par les États démocratiques. Nous nous interrogerons sur l’importance de la reconnaissance de toutes les « parts » qui composent une société, sans s’en tenir au nombre, et nous examinerons comment les minorités, (qu’elles soient à jamais pérennes, ou susceptibles de devenir majorité - par regroupement, glissement de frontières ou influence idéologique -), permettent d’éviter l’hégémonie ou simplement la domination d’un clan, d’un parti ou d’une ethnie.

12h Repas

Tarifs : 110 euros avec hébergement et repas, apéros, petits-déjeuners compris.
80 euros pour les samedi, dimanche sans hébergement avec repas, apéros compris.

Renseignement(s) et inscription auprès de Philippe Roy :
voyonsoulaphilomene@gmail.com ou 06 51 38 43 45

Page de l’association sur le site de « Ici et ailleurs » :
http://ici-et-ailleurs.org/spip.php?rubrique31