Politique de la violence. Essai sur l’impuissance citoyenne

, par Cédric Cagnat


POLITIQUES DE LA VIOLENCE Essai sur l’impuissance citoyenne

Cédric Cagnat Préface d’Alain Brossat

Collection : Questions contemporaines ISBN : 978-2-296-96545-4 • 19 € • 190 pages

Il y eut, paraît-il, des époques où la discorde inhérente à toute existence politique s’arrimait à la confrontation de valeurs essentiellement irréductibles, où la lutte plaçait face à face les partisans de modèles sociaux dont les attendus étaient si hétérogènes que nul n’aurait imaginé les camps adverses brandissant les mêmes mots d’ordre, ni trouvant la moindre parcelle d’un terrain de conciliation : dans la Grèce de Clisthène, aristocrates contre adeptes de l’isonomie ; à l’époque des jacqueries médiévales, réquisits de la simple subsistance contre mainmise de la noblesse ; sans parler des guerres confessionnelles, ni des luttes idéologiques modernes, collectivistes contre propriétaires, universalistes contre thuriféraires de la Nation...
Lorsqu’ils demeurent, ces types d’antagonismes sont désormais relégués loin à l’arrière-plan du règne sans concurrence de cette valeur, la démocratie, unique et absolue, d’autant plus tentaculaire qu’elle se vide chaque jour davantage de tout contenu. Il n’y a plus de nos jours que des démocrates qui se battent démocratiquement contre les gardiens de la démocratie.
« Démocratie », ce slogan ultime, en lequel doit se reconnaître tout un chacun, et que peuvent scander tranquillement toutes les parties en présence, est le lieu où agonise le sujet contemporain, le sujet de l’action, celui du politique, celui de l’Histoire. Et parce qu’elle oblitère, sous les oppositions de surface, la dissension fondamentale qui traverse toute société, et par laquelle est rendue possible l’action, au sens plein du terme, d’un sujet, vidée de ses enjeux conflictuels, la démocratie se mue en vaine idéologie : elle s’abolit elle-même dans le démocratisme.

L’AUTEUR

Cédric Cagnat, né en 1974, a enseigné la philosophie à Grenoble. Poursuivant désormais hors des institutions ses travaux de recherche et d’écriture, il a publié chez L’Harmattan La Construction collective de la réalité, et Cercles aux éditions Thot.


Contact promotion et diffusion
Emmanuelle Mouche – Editions L’Harmattan - Sciences Humaines 7, rue de l’École Polytechnique 75005 Paris Tél : 01 40 46 79 22 / Fax : 01 43 25 82 03 / emmanuelle.mouche@harmattan.fr

TABLE DES MATIERES

Préface d’Alain Brossat : Contre la démocratie occupée

Prologue. Caractères et fonctions du démocratisme
§ 1– Institution de l’impuissance citoyenne § 2– Démocrates contre démocrates § 3– La violence forclose § 4– De la résistance comme droit...§ 5– ... à la redéfinition de la violence § 6– De la haine de l’homme à la haine du peuple § 7– La promotion du citoyen § 8– Une violence systémique § 9– Sortir du démocratisme

Première partie. L’ « anthropologie pessimiste » : de la haine de l’homme à la haine du peuple
§ 10– Violence et nature humaine § 11– Origine augustinienne de l’anthropologie pessimiste § 12– Fondements mythologiques § 13– Le recours abusif à l’histoire § 14– Le préjugé naturaliste § 15– Rémanences § 16– La technocratie comme remède § 17– Le peuple en tant que métonymie de l’homme naturel § 18– La division : peuple/plèbe § 19– Du mépris à l’extermination § 20– Foules hypnotisées, masses consuméristes § 21– Le spectre récalcitrant du populisme § 22– L’hégémonie des « compétents » § 23– Complots sans complotisme § 24– Le peuple encombrant § 25– De la défection à la prise de parole § 26– Une complicité à construire § 27– Retour à l’envoyeur § 28– Une affaire de mœurs § 29– Le scandale du hasard : l’ « absence de titre » § 30– L’élection contre le peuple
§ 31– Parler au nom du peuple § 32– Des moments-mondes
Intermède. Fragments sur les stratégies de pacification : le droit et le marché

Seconde partie. L’inhibition de la violence politique
§ 33– Exception : la violence pacifiante § 34– Militarisation et privatisation de la force publique § 35– La « déraison d’Etat » face aux désillusions libérales § 36– La résistance par le droit : une antilogie § 37– Criminalisation des formes non instituées de la contestation § 38– De l’insurrection « responsable » § 39– Pensée, parole, action : sur une confusion contemporaine § 40– De l’indignation : espoir contre violence § 41– Une amnésie républicaine § 42– Antiviolence et domestication § 43– L’administration de la colère § 44– Culturalisation des luttes et conséquences § 45– La révolte pour rire § 46– Le degré zéro de la revendication § 47– Démocratisme, technocratie et élection § 48– Figures de l’ennemi § 49– L’ajournement infini § 50– Peuple souverain vs peuple insurgé § 51– La grande unification
Epilogue. Histoire, violence et système
§ 52– La paralysie de l’Histoire : vers une approche systémique § 53– Que tout bouge pour que rien ne change § 54– D’une Clôture
Notes Annexes Bibliographie