Séminaire : Actualité de Walter Benjamin, Jean-Louis Déotte et Alain Naze

, par Sylvie Parquet


Mardi 9 octobre 2012, MSH Paris Nord, de 14h à 17h

Alain Naze, « Un cinéma des Passages – les fantasmagories du cinéma de Jacques Demy »

Il s’agira de s’interroger sur le rapport du cinéma de Jacques Demy à la question des fantasmagories, en privilégiant l’espace du Passage, comme objet cinématographique. C’est la question de la perception qui est ici en jeu, Benjamin unissant la forme de perception face à une architecture et celle face à un film à travers l’idée que l’une et l’autre relèveraient de la distraction. S’ensuit-il pour autant que les films de Demy donnent à percevoir une architecture ? Non sans doute, le médium cinématographique introduisant une dimension réflexive qui reste étrangère aux appareils urbains eux-mêmes. On cherchera donc à montrer comment, le temps passant, les films de Demy faisant intervenir le Passage Pommeraye s’avèreront jouer de moins en moins le rôle d’opérateur de fantasmagories, et comment la façon de donner à voir le Passage s’apparentera de plus en plus à l’idéal cinématographique que désignait Siegfried Kracauer, et consistant à « enregistre[r] et révéle[r] la réalité matérielle ».

Jacques Demy, Lola

Thème 2012-2013 : Politiques de l’image

La relation à l’image, dans la pensée de Benjamin, est tellement centrale qu’on peut la dire intrinsèque : il n’y a pas, d’un côté, la pensée de Benjamin, qui, à titre d’objets, privilégierait les images, mais il y a la pensée de Benjamin qui, en tant que telle, se déploie au sein d’images – mieux, s’informe comme image. De ce point de vue, la notion d’image dialectique, par exemple, ne réfère pas secondairement à une image effective, mais prend consistance au sein d’une fulguration d’ordre visuel – ce qui conduit les concepts benjaminiens à s’articuler immédiatement selon une irréductible dimension spatiale, nécessitant le recours à une véritable topologie, en vue de cerner une image de sa pensée.
Il s’ensuit que des objets aussi centraux dans sa réflexion que le cinéma, la photographie, ne peuvent être considérés comme des objets quelconques pour sa pensée ; l’homogénéité de ces objets vis-à-vis de la forme même de cette pensée appelle bien sûr une réflexion remettant en cause la relation sujet/objet : la pensée de Benjamin nous éclaire peut-être autant sur la nature des images techniques, que ces dernières sur la forme et les ressources de sa pensée.
Dès lors, le projet pour cette année consiste à interroger le potentiel images/concepts dont la pensée de Benjamin est riche, notamment en cherchant à former des images inédites de sa pensée, sous un angle double : à la fois à travers un déplacement de sa réflexion vers des terrains nouveaux, ou du moins vers des objets qu’il n’aurait pas véritablement thématisés (quelle image peut-on former du capital, par exemple, à partir de la pensée de Benjamin ?) ; mais aussi à travers une interrogation relative aux ressources propres aux images techniques elles-mêmes (de quelles conceptions les nouvelles technologies de l’image, notamment, sont-elles riches ?). « Politiques » de l’image doit donc s’entendre à l’écart de toute instrumentalisation de l’image, celle-ci n’ayant précisément pas, chez Benjamin, le statut de moyen (pédagogique, ou politique en un sens restreint) ; « politiques » de l’image doit donc s’entendre comme ce qui pose aussi la question de la politique - celle-ci, inanticipable à partir d’un moindre propre, se recevant tout autant de l’image elle-même.

Un calendrier complet indiquant le nom des intervenants et le titre de leur communication sera établi fin octobre.

Les dates du séminaire en 2012-2013 de 14h à 17h seront les suivantes :

9 octobre 2012 : Alain Naze, « Un cinéma des Passages – les fantasmagories du cinéma de Jacques Demy ».

13 novembre 2012 : Roman Jimenez Dominguez, titre à préciser.

27 novembre 2012 : Denis Skopin, « Les usages politiques de l’image en URSS : la destruction des photographies et son enjeu politique ».

11 décembre 2012 : Muriel Van Vliet, « Aby Warburg, Ernst Cassirer et le “symbolisme rituel” : éléments pour une anthropologie de l’homme en mouvement ».

15 janvier 2013 : Susan Buck-Morss, titre à préciser.

5 février 2013 : intervenant et titre de l’intervention à préciser

19 février 2013 : intervenant et titre de l’intervention à préciser

12 mars 2013 : Emmanuel Dreux, titre à préciser.

26 mars 2013 : Jean-Louis Déotte, « La forme plastique chez Walter Benjamin ».

16 avril 2013 : Philippe Roy, « L’innervation gestuelle de la perception ».

23 avril 2013 : Sylvie Rollet, « Le suspens et la syncope chez Belà Tarr ».

30 avril 2013 : Sandrine Amy, « Assumer, entretenir, remanier, rejeter ; Walter Benjamin lecteur de Kant ».

7 mai 2013 : Adolfo Vera, « Walter Benjamin et Jacques Derrida : violence, trace et spectralité ».

21 mai (et non plus le 14 mai 2013) : Les intervenants prévus pour ce jour, ainsi que le contenu de cette séance seront précisés très bientôt.