Soutenance de thèse : Alliance et violence Rapports d’autorité sur trois générations au Guerrero et en Oaxaca (Mexique)

, par Irene Ramos Gil


Chers amis, Chers collègues,
J’ai le plaisir et l’honneur de vous inviter à la soutenance publique de ma thèse
en vue de l’obtention du Doctorat de Sociologie, intitulée :

Alliance et violence Rapports d’autorité sur trois générations au Guerrero et en Oaxaca (Mexique)

sous la direction de :
Alain COTTEREAU

devant le jury composé de :

Élisabeth CLAVERIE, Directrice de recherche au CNRS, Susan
DRUCKER-BROWN, Professeur à Cambridge University, Odile
HOFFMANN, Directrice de recherche à l’Institut de Rercherche pour le
Dévéloppement, Annick LEMPÉRIÈRE, Professeur à l’Université
Paris 1, Françoise LESTAGE, Professeur à l’Université Paris 7

qui aura lieu :

le Lundi 22 octobre 2012 à 14h00, salle 1
à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales
105 Bd Raspail, 75006, Paris

La soutenance sera suivie d’un pot auquel vous êtes également conviés

Irene A. R. Gil

Centre d’Études des Mouvements Sociaux — Institut Marcel Mauss, EHESS, Paris

Résumé : Cette thèse porte sur l’alliance des familles et la violence politique au Mexique et, plus précisément, sur les modalités particulières de leurs connections et de leurs influences réciproques. Elle résulte d’une enquête de terrain dans le Mexique méridional : régions de Costa Chica, au Guerrero et de la Sierra Norte, en Oaxaca. L’observation ethnographique à l’intérieur des familles a été échelonnée sur quatre années, elle s’est étendue à l’étude des trois générations accessibles et à leur histoire. L’objet d’enquête a porté en premier lieu sur les alliances matrimoniales. L’analyse aborde le mariage non pas comme institution, structure ou stratégie, mais comme forme de vie pratiquée et jugée par les intéressés. Une sociologie de l’évaluation et de la critique est mise en oeuvre pour décrire et croiser les points de vue et les pratiques des différents acteurs concernés à des échelles temporelles variées, en combinant l’analyse des compréhensions rétrospectives et des horizons d’avenir que dessinent les alliances dans chacun de leur contexte. L’histoire de la violence est amorcée par des points de vue féminins : certains récits de grands-mères témoignent, d’une part, d’un fratricide et, d’autre part, du meurtre d’un cacique dans la Sierra Norte en 1945. Ce sont les traces d’une histoire qui introduisent à une imbrication particulière de l’alliance matrimoniale et de la violence locale à leur époque, marquée par l’absence d’abris contre la violence, même à l’échelle des liens familiaux de premier degré. Les grands-parents ont vécu une période où l’autorité des anciens s’exerçait tant au sein des pouvoirs locaux qu’au sein des alliances, puis eux et leurs descendants ont vécu les bouleversements ultérieurs avec leurs perceptions et leurs évaluations propres. Les formes d’autorité, les effondrements de légitimité au profit des rapports de pouvoir et de la violence prennent un éclairage particulier avec les récits et les analyses de ceux qui ont eu à vivre avec « la violence » plus qu’ils ne l’ont exercée. L’ethnographie du politique pratiquée ici observe ainsi les jugements d’injustice et d’illégitimité. Trois moments de l’analyse, à savoir, l’autorité locale au temps des grands-parents, les relations multiples sur trois générations, puis l’ethnographie contemporaine d’une noce, scrutent les redéfinitions des liens entre générations et hiérarchies, au profit de rapports plus égalitaires et les modifications de frontières entre l’alliance et la violence. Malgré les apparences, la violence ne porte plus aujourd’hui le poids de la fatalité qui l’habitait hier.