Séminaire Actualité de Walter Benjamin : Test et violence : Benjamin et Ozu face à la caméra

, par Sylvie Parquet


Dirigé par Jean-Louis Déotte et Alain Naze

Mardi 13 novembre 2012, 14hr, MSH Paris Nord

Une intervention de Roman DOMINGUEZ JIMENEZ Docteur en philosophie, Paris 8, chercheur MSH Paris Nord

Dans L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproduction
mécanisée, Benjamin observa que le cinéma établissait un tout
nouveau type d’interprète : pour l’acteur de cinéma, il importe moins de représenter ou d’incarner un personnage que de mettre son physique à l’épreuve du dispositif d’enregistrement. Cette épreuve est un test (Testleistung) dans la mesure où elle est évaluée d’après des critères de rendement : il ne s’agit pas, en principe, de trouver la meilleur incarnation dans son ensemble (d’un roi par exemple), mais de trouver les meilleurs échantillons, les meilleures prises de vue pour monter littéralement la meilleure performance. Benjamin observa aussi que l’acteur de cinéma était comme aliéné, exilé, de sa propre image alors
Ozu, Été précoce (麦秋, Bakushū), 1951
reproductible et qui devenait par la suite objet de culte (Starkultus). Il est possible de dire que le test cinématographique annonce déjà notre rapport aux choses : nous n’avons plus d’épreuves qui nous font grandir en expérience, mais des tests qui nous rendent plus ou moins performants, et nous ne cessons pas d’exercer un culte vers des stars de la performance, (même en philosophie). Désormais, la tâche est peut-être de trouver la limite où le test et le culte qu’il comporte deviennent révolutionnaires, trouver la limite où l