Ce qu’on dit des Rroms (et ce qu’il faut savoir) : un nouveau livre pour y voir clair

, par Jean-Pierre Dacheux


Après un premier livre, aujourd’hui épuisé, écrit avec Bernard Delemotte en 2010, (Roms de France, Roms en France, le peuple du voyage), il m’est apparu nécessaire, en 2015, de proposer un nouveau livre, modeste mais précis, ayant pour objectif de déconstruire les idées fausses, courant plus que jamais, sur les Rroms.

Reprenant l’écriture du mot « Rrom » telle que je l’avais déjà employée dans le texte de ma thèse de doctorat, j’ai voulu qu’on distingue l’appellation devenue commune et officielle (Rom) de la dénomination que, dans leur langue, utilisent les intéressés eux-mêmes (Rroms).

Ce nouveau livre, paru aux éditions du Passager clandestin, a donc pour titre : Ce qu’on dit des Rroms (et ce qu’il faut savoir). Il s’agit bien, en effet, de contribuer à effacer les idées préconçues en rappelant ce que sont les Rroms, depuis des siècles, et pourquoi ils font partie de notre propre histoire, dans toute l’Europe.

Prendre en compte la dimension démographique de cette présence continentale (les Rroms constituent la plus nombreuse des minorités culturelles en Europe), rappeler qu’ils furent tenus en esclavage cinq siècles durant et que le 3e Reich entreprit de les exterminer, comme les Juifs, permet de changer de regard sur un peuple dont la langue, la culture, l’histoire et le mode de vie sont restés d’une grande originalité et d’un grand apport pour notre civilisation.

La littérature, la musique, les arts du cirque en témoignent : ceux qu’on a appelé, selon les régions, Tsiganes ou Gitans ou Manouches ou « gens du voyage », etc..., puis Roms ou Rroms, ont influencé et influencent encore les écrivains, les musiciens, les artistes, les anthropologues ou les philosophes. Notre regard sur le monde s’en est trouvé modifié.

Bien entendu, les Rroms sont des hommes qui ne sont ni meilleurs ni pires que les autres et il ne s’agit pas de voir en eux un modèle. Il suffit largement de comprendre pourquoi ils sont depuis si longtemps méconnus, écartés, sujets à la défiance permanente des gadjé (les non-Rroms en langue rromani).

Les Rroms nous interpellent, c’est-à-dire nous interrogent. Pouvoir entrer en dialogue avec eux et surmonter nos différends, constitue un enjeu essentiel pour notre société, dans l’unité et la diversité française et européenne.