Éloge du pilori. Considérations intempestives sur les arts de punir - Entretien avec Tony Ferri

, par Tony Ferri


Parution prochaine du nouveau livre d’Alain Brossat.

Ce livre, qui associe finement la drôlerie au sérieux, le pénal au politique, le désopilant au désespérant, aborde la question des pénalités sous un jour totalement neuf, et d’une manière on ne peut plus originale, vivifiante, percutante. D’un foisonnement incomparable, se tenant résolument à l’écart des sentiers battus, sa particularité réside dans le fait qu’il invite la pensée à se désaxer de la manière pour le moins coutumière, routinière et morne de traiter de l’univers de la peine. Ce livre montre, précisément à propos des pénalités, comment philosopher tout en riant et comment rire tout en philosophant. Ce faisant, il égratigne avec humour et lucidité les grands travers de notre temps...

Autant dire que ce livre, qui ne manque pas de souffle, est à découvrir absolument, sans modération ni retenue !

Extrait :

« Il faudrait se demander sérieusement, bien sûr, pourquoi le domaine punitif est par excellence celui dans lequel nous nous accrochons à la fausse évidence de la naturalité des objets, au point que les têtes les mieux faites et les esprits les mieux avertis qui ont sous les yeux l’échec irrémédiable de la prison pénitentiaire depuis un siècle et demi s’avèrent tout à fait incapables d’imaginer un monde sans prison(s), et décrient comme des rêveurs inconséquents ceux qui prônent son dépérissement ou son abolition. Pour cette raison, leurs dispositions réformatrices demeurent engluées dans le discours de l’humanisation de la condition des détenus. Le contraste est saisissant entre cette tétanie et ce que nous savons par ailleurs : s’il est un domaine dans lequel l’imagination humaine n’a jamais été prise de cours, c’est bien celui des châtiments et des pénalités ! Une telle inventivité a d’ailleurs de quoi inquiéter : nous mettons manifestement, à toutes les époques et sous toutes les latitudes, bien davantage d’énergie et déployons beaucoup plus d’ingéniosité lorsqu’il s’agit de sanctionner, faire souffrir un coupable ou l’éliminer que lorsque, disons, il est question de faire une petite place au dernier venu, à l’étranger... », dans A. Brossat, Éloge du pilori. Considérations intempestives sur les arts de punir – Entretien avec Tony Ferri, Paris, L’Harmattan, coll. « Les logiques des pénalités contemporaines », septembre 2015, pp.28-29.