Texte de présentation initial

, par Sylvie Parquet


Voici le texte initial  :

« ’’Ici et Ailleurs – Pour une philosophie nomade’’ est une association, à but non lucratif, régie par la loi de 1901. Elle est née du constat que pour philosopher librement, collectivement, authentiquement, il importe de s’émanciper du cloisonnement universitaire par trop pétri de codes, de rites, de pratiques, de programmes sclérosants.

Sa particularité réside dans son nomadisme, c’est-à-dire dans son désir de déplacer, tantôt par l’analyse critique, tantôt par l’ironie, tantôt par le réquisitoire, tantôt encore par l’humour ou la dérision, les frontières entre le possible et l’impossible, le juste et l’injuste, le visible et l’invisible en ce qui concerne notre présent social. Autant dire qu’elle n’a d’yeux que pour l’acte philosophique nourri aux conditions d’une pensée libre empêchant de tourner en rond ou de prendre racine.

Il s’agit de nous éviter de regarder avec naïveté la réalité de notre époque marquée par de violentes conflictualités. Le différend culturel n’est pas seulement un sujet d’étude ; c’est notre quotidien, notre activité, notre lutte. L’affrontement politique n’est pas seulement un phénomène local, ici, et une réalité qui se vivrait aussi, semblablement, ailleurs, État par État. C’est un phénomène transverse, lui aussi mondialisé, et que ne surplombe pas la philosophie.

Ici et Ailleurs n’est inféodée à aucune couleur politique, elle n’a, du fait même de son nomadisme, ni étendard ni hymne à défendre et elle n’est à la solde d’aucun pouvoir. Bien au contraire, elle traque dans ses moindres recoins, pour les dénoncer, les travers des pouvoirs quels qu’ils soient – du pouvoir politique et financier au pouvoir médiatique et propagandiste, en passant par le pouvoir scolaire, punitif ou répressif. A cet égard, elle contribue à apporter matière aux débats contemporains portant notamment sur le vivre-ensemble, le devenir des institutions, les relations internationales, la santé des démocraties, la notion de justice. Elle entend se réapproprier une parole libre et réflexive visant à débusquer, pour les disqualifier sans ménagement, dans les discours et les pratiques, les idéologies de la domination, de la colonisation, du racisme, notamment de l’antisémitisme et de l’islamophobie, du cléricalisme, du patriarcat, du capitalisme, du sexisme, du militarisme, de l’homophobie et du carcéralisme.

L’empreinte écologique (c’est-à-dire la trace profonde que laissent sur la planète nos activités) ne nous donnera bientôt plus les moyens de vivre sans limite, de plus la solidarité de neuf milliards d’humains en l’an 2050 ne constituera pas un choix mais une nécessité, et enfin, il va nous falloir réapprendre à compter en intégrant à nos calculs et à nos prévisions, des paramètres jusqu’ici non pris en considération. Et c’est à ce monde-là qu’il s’agit de préparer nos esprits, ici comme ailleurs.