Jean-pierre Dacheux, Président de l’Association

En guise de rapport moral… 15 déc 2007


En guise de rapport moral…

Plutôt que de présenter un rapport moral (cette expression correspond à un type d’association très formel auquel je souhaiterais que nous échappions), je préfère vous adresser une manière de « message » pour vous dire, simplement, ma pensée, non comme président de fait, mais plutôt comme quelqu’un qui, ayant à jouer un rôle un peu fictif, en profite pour porter un regard d’ensemble sur notre projet.

Car c’est un projet que d’essayer de regrouper de grandes diversités, géographiques, intellectuelles, générationnelles, pour exprimer une pensée, développer une philosophie, nouer des relations durables.

Et ma première conviction, sans doute fragile, est que notre dispersion est utile. Il ne s’agit pas d’effectuer des rapprochements universitaires, ou de sympathies, ou idéologiques seulement ! Il s’agit de nous mettre en synergie après avoir vérifié que, même loin les uns des autres, même rarement réunis, nous avions beaucoup à nous dire et à faire ensemble qui dynamise nos vies.

J’ai même la faiblesse de penser que l’université est là, hors les murs, hors frontière et hors le prêt à penser. J’ajoute que ce rapprochement accidentel de professeurs et d’étudiants, d’universitaires et de non universitaires, d’intellectuels et de non intellectuels, peut prendre un sens en ce début de siècle : il n’est pas si simple d’avoir motif à vivre…

Ici et Ailleurs me convient en dépit de son rythme en pointillé, lent, de ses creux et de ses irrégularités de fonctionnement. J’y trouve en effet des connivences. Il en est de dites : et cela fait l’objet de textes, de communications, de références à des livres. Il en est aussi de non dites et cela porte des prénoms ou prend la forme de paysages, de moments partagés où se devinent des complicités.

Je souhaite qu’Ici et Ailleurs cherche à prolonger longtemps ce voyage à travers la pensée et la quête de sens, au travers de ces pays et paysages, en pleine ville comme à Istanbul ou Tirana, à Iassi ou à Taïwan, mais aussi, à distance de l’urbain, pour le recul et la plongée possible en pleine nature, comme à Chilhac.

Cette association est plus une intuition qui s’incarne qu’une association de type administratif. C’est plus que cela encore me semble-t-il ! Présidence, Conseil d’administration, Assemblée Générale, Bureau sont des formes fictives, les outils d’un jeu. Sous ces apparences, il y a des rencontres qui font, défont, refont des humains en construction permanente, quel que soit leur âge.

Nous avons choisi de nous choisir pour effectuer, ici et ailleurs, des bouts de chemin d’où nous espérons mieux voir ce qui se passe autour de nous, où l’on peut chercher et trouver des lieux pour se réfugier quelque temps si l’on veut penser pour agir.

Tel est, en tout cas, mon état d’esprit. Si c’est le fait d’un vieux naïf, contentez-vous en… Mes illusions aident parfois. Je l’ai expérimenté. Je ne veux présider à rien d’autre qu’à une fidélité.