Week end suivant celui de Pierre Rivière.

, par Françoise Bouvier


Je visite enfin l’exposition Crime et Châtiment au musée d’Orsay (jusqu’au 27 juin, courez-y !), foisonnante, surprenante, captivante (sanglante...). On y découvre une importante iconographie du crime privé ou d’Etat, peinte, dessinée, sculptée, photographiée d’avant le cinéma. Pierre Rivière m’accompagnait. Il y est bien sûr évoqué et je pensais parcourant les salles : 1835… Un petit peu plus de quarante ans après l’exécution de Louis XVI, le régicide fondateur de la République. Quel écho, quel travail, quelles représentations pouvaient envahir l’esprit de jeunes provinciaux qui étaient alors comme P.R. encore instruits principalement par les récits religieux. Un Christ crucifié dont le sacrifice doit sauver le monde, un roi décapité au nom d’un imaginaire de liberté… Rivière l’a compris et évoquant ses lectures bibliques, le souligne dans son mémoire, c’est bien le crime qui fonde un ordre nouveau. Et Freud n’avait pas encore rappelé et réactualisé Œdipe !
Les arsenaux punitifs sont bien là aussi, pas seulement représentés dans de nombreux dessins notamment (Goya, Géricault), l’invention carcérale moderne avec une porte de la prison St Lazare, les plans du panoptique de Bentham (citation de Foucault au mur obligée), le projet de Harou-Romain architecte de la prison de Caen-Beaulieu, sous vitrine, ouvert à la première page (dommage car j’aurais aimé le feuilleter), le matériel anthropométrique obsessionnel complet du préfet Bertillon, et bien sûr, elle nous accueille dès l’entrée, la machine de M. Guillotin. Badinter a eu l’idée de cette exposition dès 1981.
Pierre Rivière a vécu avant que la science positive ne revendique la connaissance du cerveau en général et celui du « cerveau criminel » en particulier. A n’en pas douter il aurait été classé dans une catégorie précise, né atavique ou dégénéré, son crâne ou un moulage de son visage aurait pu prendre place dans une vitrine…
A la sortie, bien sûr la librairie propose nombre d’ouvrages. Moi Pierre Rivière… y est en bonne place. J’avise un « pavé » de cinq-six cents pages : La Mort du vieux, une histoire du parricide au XIXè siècle, par Sylvie Lapalus (Tallandier, 2004) ; quelqu’un connaît ? Sans doute la thèse de la dame, agrégée d’histoire et docteur es lettres. Un travail basé sur 771 affaires de parricides traitées aux assises entre 1825 et 1913 (ah ! quand même !). L’affaire Rivière représente dans l’index 51 occurrences ou développements plus ou moins longs. Plus la bibliographie…Au fait, deux autres parricides (matricides également) ont aussi écrit après leur crime. Le livre me semble très intéressant…J’achète.
Je n’en ai pas fini avec Pierre Rivière.