Un long hiver républicain - commentaires

Un long hiver républicain

J'adhère totalement à votre critique des caricatures et de leur défense au nom de la liberté d'expression ; pas à votre présentation de la terreur totalitaire comme seul moyen (légitime ?) de répondre à la violence symbolique du racisme républicain.

J'ajouterai que la « normativité politique et juridique » dont se revendique l'assassin de Samuel Paty n'offre pas plus d'opportunité de régler les « différends » que celle des « démocraties du présent » - comme l'illustre le sort réservé aux Yézidis, aux Chiites irakiens et syriens, aux Hazaras en Afghanistan, et aux « apostats » en règle générale dans les territoires contrôlés par l'EI et les groupes qui partagent son idéologie. Si on suit votre raisonnement, les crimes de masse commis lors de la reconquête de Mossoul par les milices chiites et leurs alliés sont tout aussi inévitables voire nécessaires que la décapitation de Samuel Paty. Les « différends » qu'on peut avoir avec les militants de l'EI et leurs soutiens ne sont pas moins « irréductible aux opérations discursives et communicationnelles, aux procédures réglées et aux conditions fixées par la normativité politique et juridique dans les démocraties du présent, c'est cela précisément qui fait et qui continuera de faire qu'en certaines circonstances particulières, le tort subi ne saurait faire l'objet d'une procédure judiciaire (on en connaît l'issue d'avance), d'une manifestation (interdite, dispersée à coup de gaz et de tirs de LBD/[de façon un peu plus radicale à Raqqa et Mossoul]) ou d'un débat public (les médias sont bien tenus) mais d'une explosion de violence. » Votre dialectique ne contribue qu'à justifier la montée aux extrêmes, le bain de sang généralisé. C'est incompréhensible de la part d'un auteur qui a si intelligemment analysé « l'épreuve du désastre ».

Un long hiver républicain

Merci pour ce texte, courageux, précis, sans concession, et qui ne recule devant aucun tabou. Quelle belle philosophie que celle-là – que cette parrêsia…

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Juste merci pour l'intelligence de vos propos. C'est une oasis en ces temps d'agressions et d'humiliations constantes.

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Il s'agit de "Dualité", de Nathalie Dumontier

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Merci de ce texte, char Alain Brossat, qui déconstruit utilement les fameuses caricatures et l"usage qui en est fait pour les ériger en étalon de la liberté d'expression. Mais pourquoi être ainsi tombé à bras raccourcis sur ce pauvre Pierre Tévanian ? Nous avons suffisamment d'ennemis communs pour ne pas nous chicaner entre nous. D'autres écrits me paraissent davantage illustrer la tentative d'élaborer un "catéchisme républicain" que le sien, à commencer par ceux qui voudraient dévoyer le sens de la laïcité pour en faire l'arme d'un combat anti-musulman, ou qui appellent le pouvoir politique à brider la recherche universitaire.

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Analyse très pertinente et sans concession.
Simplement, j'aurais aimé que l'on cite l'auteur ou l'autrice du fragment ou de la peinture qui accompagne le texte d'Alain Brossat.

Un long hiver républicain

Merci pour votre courage qui ose élever le débat au dessus du troupeau. Pas facile pourtant tant l'assassinat sordide de ce professeur a sacralisé le choix des outils Pédagogiques utilisés pendant son cours. Votre écrit est complexe mais la situation l'est tout autant. Bravo et encore merci.

Un long hiver républicain

Texte puissant qui décortique bien les ressorts de ces caricatures désormais transformées en "Saintes écritures" de la nouvelle religion française, le caricaturisme (dont il ne faut surtout pas se moquer).
J'ajouterai un élément à l'analyse du principal dessin incriminé : il évoque clairement la sodomie, qui est taboue en pays musulman, même si pratiquée en cachette, mais qui est surtout une arme formidable de domination des gouvernements autoritaires de la région sur leurs administrés et opposants. Rares sont celles et ceux qui osent parler d'un viol commis par les forces de l'ordre. Seul exemple qui me vient : le témoignage de Sami Brahem devant l'Instance Vérité et Dignité en Tunisie en novembre 2016. Encore fut-il l'objet de sarcasmes après son récit, de la part de la classe dominante au pouvoir (Essebsi et consorts).
C'est donc in fine une double humiliation que ce dessin consacre... et ce, sans que la plupart des français en aient pleinement conscience.

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Ce texte, c'est l'air des sommets que l'on respire, enfin !
C'est l' Elévation (de Baudelaire).

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Impeccable, cher ami. Comme d'habitude.

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article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme :
Premier alinéa :
Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière (…).
Mais voici le second alinéa :
L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions, prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui (…).

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Votre analyse des caricatures est absolument parfaite, et ce texte est globalement d'une très grande puissance. J'éprouve pourtant le besoin de signaler qu'il n'est pas exclu que des enseignants utilisent l'une ou l'autre de ces caricatures en classe justement pour démontrer ce que vous démontrez : pour dire l'immense violence, l'immense offense, et toute la charge raciste et coloniale qu'elles véhiculent. Dans sa salle de classe, la porte refermée, quoi qu'on en dise, l'enseignant dispose d'une grande liberté ; il construit avec ses élèves un espace de réflexion et de discussion où ces choses-là peuvent être dites. Tous les enseignants ne sont pas les chiens de garde...

Un long hiver républicain

Merci pour ce "courage de dire vrai" les choses, cette parrêsia, oh combien nécessaire et essentielle dans la pratique de la philosophie et surtout dans la pratique d'un enseignant aujourd'hui. Une analyse critique du présent, une écriture intempestive, définissent au moins un bon volet de la philosophie...

Un long hiver républicain

Je pense que rien ne "justifie" les attentats islamistes, même si on peut les expliquer et si l'impérialisme et le néo-colonialisme en portent la principale responsabilité. J'ai horreur de tout fanatisme, et même du "laïcisme" qui a condamné les gamines en foulard. Mais je suis entièrement d'accord avec l'analyse des caricatures de Charlie Hebdo, qui verse depuis au moins sa nouvelle mouture dans la facilité stupide et verse de la façon non seulement la plus méprisante mais totalement irresponsable de l'huile sur le feu, ce qui arrange bien les régimes islamistes et chez nous, la droite et l'extrême droite que plus grand chose ne sépare, et alimente le brouillard idéologique qui s'épaissait, même à "gauche" (ou ce qu'il en reste). J'ai enseigné longtemps dans le 9-3, il ne me serait jamais venu à l'esprit de montrer ça, on peut caricaturer les prophètes et autres fils de dieu sans les dégrader dans leur humanité et offenser la masse des croyants, la liberté d'expression s'arrête me semble-t-il, même la loi républicaine le dit, à l'incitation à la haine raciale, et ça en relève, pas seulement du blasphème, qui n'a pas de sens juridique dans un état laïc. Sombres temps !