[Vidéo] - L’art débile sur trois étages


Avertissement

On se souvient sans aucun doute de la vidéo publiée ici même en juillet 2020, intitulée Un antre, à l’occasion de laquelle étaient posés les jalons théoriques et esthétiques d’un courant artistique nouveau qu’il est convenu de nommer, conformément aux souhaits de son initiateur, l’ « art débile ».
Nul besoin de rappeler le séisme que cette publication avait, à l’époque, provoqué dans le petit monde de l’art contemporain et les violentes polémiques qui s’en étaient suivies dans le numéro spécial qu’Art Press lui avait consacré dès le mois de septembre de la même année. Rien que de très ordinaire, nous dira-t-on, dans un milieu si prompt à s’enflammer. Ce qui l’est moins, et qui participe à notre sens de la pire mauvaise foi, c’est qu’à cette même publication furent imputés la terrible – et semble-t-il définitive – dépression dont fut frappé notre collègue Jean Clair, ainsi que le geste tragique de Marc Fumaroli, en ce funeste jour du 5 août 2020 où, au milieu d’une foule de touristes horrifiés, place du Panthéon, il s’immola par le feu.
Cet événement regrettable fit évidemment oublier à tout un chacun le fait que dès le lendemain de la mise à disposition du public de la fameuse vidéo, Jeff Koons lui-même avait pris langue avec les instances dirigeantes d’Ici&Ailleurs en vue de faire l’acquisition – « quel qu’en soit le prix », avait-il insisté » – du Cunnilingus kosovar pour sa collection personnelle. Fidèle à ses principes, le génial inventeur de l’art débile ne souhaita pas donner suite, balayant d’une main souveraine l’idée que le moindre fragment de son œuvre puisse intégrer un marché de l’art auquel il a toujours réservé le plus âpre des mépris. Prenant acte, non sans une certaine admiration, de cette fin de non-recevoir, M. Koons avait néanmoins tenu à adresser à notre association une part substantielle de son patrimoine financier, don que nous acceptâmes volontiers comme étant dans l’ordre légitime des choses et qui nous permit de renouveler entièrement notre matériel audiovisuel.
Aussi, d’une qualité technique bien supérieure à la première, la seconde vidéo que nous publions aujourd’hui permettra aux thuriféraires de l’ « art débile », comme à ses détracteurs les plus farouches, d’appréhender avec plus de justesse les tenants et aboutissants d’un mouvement d’avant-garde qui, n’en doutons pas, n’a pas fini de faire parler de lui.

Cédric Cagnat,
Secrétaire Ici&Ailleurs

Prises de vue et montage : Augustin Couedelo