Ernesto Laclau, La raison populiste

, par Frédéric Astier


L’ouvrage d’Ernesto Laclau, La Raison populiste [1] analyse la nature et la logique de la formation des identités collectives, des identités populaires.
Le philosophe ne sous-estime pas les excès des mouvements populistes, cependant il s’agit pour lui de montrer que le rejet du populisme équivaut au rejet du politique.
L’unité de base de la formation des identités populaires selon Laclau n’est pas le référent groupe de l’analyse sociale avec ses paradigmes fonctionnalistes et structuralistes, mais la demande (une revendication vis-à-vis d’un ordre établi). L’unité d’un groupe dépendra de l’articulation des différentes demandes, une configuration instable et emplie de négativité. La demande doit entrer dans un rapport à une totalité pour faire revendication dans le système de l’ordre, qui lui n’est pas une totalité cohérente. L’articulation des différentes demandes compose entre la logique de la différence et la logique de l’équivalence.
Fixer l’unité d’une formation sociale sous un concept est une chose impossible selon Laclau, d’où l’indispensable nomination pour l’unité de la formation sociale ainsi que le rôle de l’affect, dans la mesure où le lien social est un lien libidinal, tel que le conçoit Freud.
Avec les notions donc d’articulation de demandes, les logiques d’équivalence et de différence, de nomination et d’affect, Laclau s’appuie également sur les catégories de signifiants vides et signifiants flottants, d’hétérogénéité sociale, de représentation et de démocratie ; ces notions et ces logiques, selon Laclau, sont inscrites dans le fonctionnement de tout espace communautaire.

Les masses dénigrées

L’ensemble de la littérature sur la psychologie des foules du XIXe siècle constitue un vaste dénigrement des masses qui sera par la suite intériorisé. Néanmoins, Freud décèle certaines caractéristiques de la foule propres à la formation de toute identité sociale, dans la mesure où : « la psychologie individuelle [la vie psychique de l’individu pris isolément] est aussi, d’emblée et simultanément, une psychologie sociale…[ou psychologie des foules] » [2].
Le populisme est une catégorie d’analyse politique aux contours flous même si on lui réfère souvent des mouvements et une multiplicité de phénomènes politiques, au contenu toujours imprécis quant à l’analyse sociale, aux critères incohérents vis-à-vis de l’expérience politique des personnes, des agents sociaux. Le populisme finalement n’est pas spécifié, défini par l’ensemble de la littérature qui lui est consacrée, cependant le populisme est objectivement condamné.
Si le discours populiste exprime du simplisme politique et des mouvements disparates alors facilement étiquetés, puis relégués, Laclau estime que pour tenter une autre approche du populisme hors du dénigrement, il s’agirait plutôt de voir si l’expression « le vague du discours populiste » est nécessaire ; et si le « vague » des discours populistes ne renverrait-il pas plutôt à une conséquence de la réalité sociale, elle-même vague et indéterminée.
Dans le célèbre ouvrage intitulé Psychologie des foules (1895) de Gustave Le Bon, se découvre par simplification une foule comme dénuée de tout sens du raisonnement, dont les sentiments et les idées se propagent sur le mode pathologique de la contagion. Devenir membre d’une foule dégrade socialement l’individu.
Hippolyte Taine souligne le caractère irrationnel des comportements des foules ; un présupposé qui restera chez les théoriciens des foules, selon lequel un individu perd nombre d’attributs de la rationalité lorsqu’il fait partie d’une foule. Taine invoque la contagion mentale des foules manipulées par les parties du crime. Une foule se comporte comme un alcoolique, comme une femme, lesquels incarnent tout ce qui menace et avilit.
Tarde voit le meneur de la foule jouer un rôle essentiel dans la possibilité de l’imitation, qui hypnotise la foule somnambule.
Il est à noter que si Taine et Le Bon se sont intéressés à la foule par le biais de la canaille, Freud commencera son étude à partir de l’organisation de l’Armée et de l’Eglise.
Tarde va distinguer les foules qui appartiennent au passé et les publics à l’avenir des sociétés ; le publiciste succède au meneur. Les publics et les foules peuvent être animés aussi bien par l’amour que par la haine, toutefois, les individus qui composent les publics y trouvent davantage de force à leur unisson que dans les foules.
William MacDougall va souligner « le principe d’induction directe de l’émotion » qui régit les foules de personnes, comme chez les animaux.
Laclau souligne l’importance accordée par Tarde et MacDougall à l’unité d’un groupe, d’une foule ou d’un public fondée sur l’identification d’un même objet qui établit de manière équivalente cette unité, la notion d’équivalence jouant pour Laclau le rôle essentiel dans sa conception du populisme.
Dans son essai intitulé Psychologie des foules et analyse du moi (1921), Freud définit donc la psychologie individuelle [la vie psychique de l’individu pris isolément] comme étant aussi d’emblée et simultanément, une psychologie sociale [ou psychologie des foules]. Le lien social est un lien libidinal. Les liens affectifs qui donnent corps à un groupe sont régis par le mécanisme de l’identification ; il y a un investissement affectif sur un objet ; et l’objet, selon Freud se met, non pas à la place du moi mais à la place de l’idéal du moi. Ainsi, dans une foule, l’identification se produira entre ceux qui sont menés mais non pas entre les menés et le meneur. Freud, finalement, estime Laclau, ne réduit pas le processus de formation des foules au rôle central joué par le chef autoritaire, à savoir si « le meneur est réellement indispensable à l’essence de la foule ».
Pour ponctuer sur la littérature des foules, Laclau insiste sur les deux points suivants :
1. Le thème de la dualité (deux choses distinctes) entre l’homogénéité sociale et la différenciation sociale est en fait un dualisme (deux choses en conflit, en tension). Avec Taine, les forces homogénéisatrices (la logique des équivalences) ne peuvent que détruire l’organisation sociale en place hiérarchisée. La dualité est maintenue avec LeBon, dans la mesure où la foule est une partie inévitable de la communauté qu’il s’agit de manipuler pour la contenir. Ce dualisme s’amenuise ensuite, avec Tarde, pour qui le moment des équivalences d’homogénéisation se trouve dans l’imitation, ce moment constituant le ciment du tissu social. Et avec MacDougall, pour qui, à partir de la notion de volonté collective, qu’elle provienne de la foule ou d’un groupe organisée, la différenciation et l’homogénéité ne sont plus opposées.
2. Avec Freud, tout tourne autour de la question-clé de l’identification et du degré de distance entre le moi (de l’individu) et l’idéal du moi (qui se déplace vers le meneur). Que cette distance augmente : 1) alors l’identification par équivalence entre les membres de la foule augmente 2) ou diminue, alors le meneur fait partie de la foule, il en est membre, et il participe au processus général d’identification mutuelle ce qui, dans les deux cas, estime Laclau, ouvre sur des variations de possibilités sociopolitiques.

La construction du peuple du populisme

Une demande sociale (une pétition, une réclamation, une exigence, une demande d’explication) qui reste insatisfaite et isolée est une demande démocratique. Lorsque plusieurs demandes sont articulées par équivalence, il y a une subjectivité sociale plus large, ces demandes sont alors des demandes populaires et constituent à un stade embryonnaire « le peuple » comme acteur historique potentiel. Nous sommes déjà dans une configuration populiste, dont les conditions sont :
1.Une frontière intérieure antagoniste entre le peuple et le pouvoir : la société est divisée en deux camps.
2.Une articulation de demandes équivalentes.
3.L’unification des différentes demandes lorsque l’équivalence dépasse le vague sentiment de solidarité, par extension des chaînes et par symbolique.
Il y a l’exemple des émeutes du blé de 1775 dans la région parisienne, qui explosent en réaction par l’initiative locale et à la force de l’exemple, mais les chaînes d’équivalence ne s’étendirent pas aux demandes d’autres secteurs sociaux et les paysans n’avaient pas de discours national pour inscrire leurs demandes.
Une identité sociale, laquelle est discursive, se constitue au point de rencontre de la différence et de l’équivalence. D’autre part, il y a une inégalité dans le social, dans la mesure où la totalisation exige qu’un élément différentiel assume la représentation d’une totalité, en fait impossible. Il y a l’exemple de Solidarnosc avec les demandes d’un groupe d’ouvriers de Gdansk qui vont gagner un camp populaire plus vaste : ainsi, une certaine identité est choisie qui va incarner une fonction totalisatrice.
Le peuple du populisme, qui résulte toujours de la frontière divisant la société en deux camps, est une partie de la totalité des membres de la communauté ; c’est donc un élément partiel mais qui se prétend comme la seule totalité légitime. Le peuple du populisme est plebs (les plus démunis) qui se pose comme populus (l’ensemble de tous les citoyens) ; cette distinction n’est pas juridique mais antagonique.
Laclau insiste sur ce point : cet antagonisme social échappe à l’appréhension conceptuelle, il n’est pas dialectique. Il est constitutif et exige un espace fracturé (l’exemple de la résistance de paysans expulsés de leur terre). Un ennemi est impérativement désigné. Cependant, l’ennemi est global, donc difficile à identifier dans la mesure où une lutte populaire implique l’équivalence de nombreux combats partiels.
La division en deux camps présuppose la présence de signifiants privilégiés. Il faut distinguer le rôle ontologique (la fonction) de la construction discursive de la division sociale et le contenu ontique (le réel, la satisfaction). Le rapport est asymétrique entre les deux. Entre le populisme de gauche et celui de droite, il existe un « no man’s land » qui peut être traversé, du PC au FN en France. L’anomie favorisant cette traversée, l’ontologique (une forme quelconque d’ordre) l’emporte sur l’ontique réel.
Si les demandes individuelles, démocratiques, l’emportent sur les liens d’équivalence, ces derniers se dissolvent, la frontière politique disparaît et le peuple du populisme se désintègre comme acteur historique.
Le lien d’équivalence était initialement subordonné aux demandes. Maintenant, c’est le lien qui réagit sur elles. C’est ce renversement qui permet le populisme.
Le lien d’équivalence qui s’établit entre les demandes individuelles suppose un dénominateur commun à la pluralité de demandes : il s’agit là de l’opération hégémonique (l’exemple de Solidarnosc).
« L’identité populaire devient de plus en plus pleine du point de vue extensionnel, car elle représente une chaîne de demandes de plus en plus longue ; mais du point de vue intensionnel elle devient de plus en plus pauvre, car elle doit se dépouiller des contenus particuliers afin d’embrasser des demandes sociales qui sont très hétérogènes. Autrement dit : une identité populaire fonctionne comme un signifiant tendanciellement vide. »
Il ne faut pas confondre le vide et l’abstraction ; il y a une négativité spécifique inhérente au lien d’équivalence. Une chaîne d’équivalences s’exprime à travers l’investissement d’un élément singulier, ce n’est pas une opération conceptuelle mais une opération performative, on ne recherche pas un trait commun aux demandes sociales, il s’agit d’un processus de condensation. Les identités populaires constituent des points de tension/négociation entre universalité et particularité.
Le vide, le vague et l’imprécision qui exprimeraient le populisme, qualifié de primitif, de marginal, sont inhérents et inscrits dans la nature même au politique, estime Laclau, avec par exemple les mobilisations populistes qui éclatent dans les sociétés hyperdéveloppées.

La nomination et l’affect

A) La question des identités populaires est fondée sur la dimension performative de la nomination. Le nom devient le fondement de la chose. Les signifiants vides ont un lieu dans le système de la signification, un lieu qui est irreprésentable, c’est un vide qui peut être signifié.
La question de l’articulation entre le particulier et l’universel, après Hegel et Marx, dans la construction du peuple du populisme, trouve chez Gramsci le sens qui convient pour Laclau : il y a une particularité, la plebs, qui revendique hégémoniquement la constitution d’un populus, le populus, ne pouvant exister qu’incarné dans une plebs.
Pour illustrer son propos, Laclau imagine des syndicats organisant une lutte antiraciste dans un quartier, ce qui n’est pas là leur fonction (mais la négociation des salaires, la défense des employés). Cependant cette prise en charge suppose une relation entre la fonction traditionnelle du syndicat et la lutte antiraciste, une relation de déplacement va s’opérer entre questions et acteurs, par métonymie (terme de la rhétorique). Les gens vont ensuite avoir le sentiment qu’il existe un lien naturel entre les deux types de combats et une certaine homogénéité équivalentielle se réalise. Le syndicat n’est plus alors seulement synonyme de l’expression de défense d’intérêts sectoriels, corporatifs, mais devient le point de constitution d’un peuple, une organisation hégémonique.
B) Le passage des demandes isolées, hétérogènes, à une demande globale, sans transition logique, dialectique, conceptuelle, se réalise donc par la nomination, et nécessite un « investissement radical » de l’ordre de l’affect.
« Une relation hégémonique est une relation dans laquelle une certaine particularité signifie une universalité impossible à atteindre », comme dans le rapport plebs/populus, où une partie fonctionne comme le tout.
Laclau éclaire cette relation avec la notion d’objet partiel, l’objet petit a de Lacan à travers lequel il voit l’élément-clé d’une ontologie du social. Laclau se réfère notamment à une remarque de Joan Copjec, selon laquelle « l’objet partiel n’est pas une partie d’un tout mais une partie qui est le tout » ; Copjec se réfère à Béla Balasz, et Deleuze pour qui les gros plans sont une manière de « redimensionner toute la scène à travers le détail ». Voir davantage avec Deleuze, dans la mesure où « le gros plan révèle plutôt la totalité de la scène elle-même ». On connaît l’importance de l’affect pour Deleuze, de l’« image-affection » au cinéma, de son rôle dans le champ de l’immanence, de son implication avec l’« image-temps ».
Ce qui définit donc une relation hégémonique, c’est une certaine particularité, telle qu’une « lutte contingente » d’une force sociale, qui assume le rôle d’une universalité impossible, et il n’y a pas de populisme sans investissement affectif dans un objet partiel.
La chaîne des équivalences joue un double rôle : elle rend possible l’émergence du particularisme des demandes, mais, en même temps, elle se les subordonne comme une surface d’inscription.

Signifiants flottants et hétérogénéité sociale

Une identité populaire émerge à condition qu’un signifiant vide exprime et en même temps constitue une chaîne d’équivalences. A condition ensuite de l’autonomisation du moment de l’équivalence vis-à-vis des maillons intégrateurs (c’est le moment de l’inscription). L’inscription équivalentielle procure solidité et stabilité aux demandes mais restreint aussi leur autonomie car l’inscription rentre dans des configurations stratégiques établies par la chaîne des équivalences. Il y a ce double jeu de subordination et d’autonomisation des demandes particulières, une tension entre les deux. Les « signifiants vides » concernent les identités populaires une fois que la frontière (entre les deux camps antagonistes) est considérée comme acquise. Les « signifiants flottants » prennent en compte les déplacements de cette frontière (c’est le cas avec les déplacements des opinions, tel que le « gaucho-lepénisme », ou bien dans la crise de la représentation, en Amérique dans les années 1960 avec l’explosion populiste anti-institutionnelle).
L’hétérogénéité sociale est une extériorité radicale ; ce n’est pas une question de différence ; l’hétérogénéité sociale est sans espace commun de représentation, sans partage d’un même terrain et par-delà la frontière des deux camps antagoniques et de l’historicité. Marx et Engels distinguaient le prolétariat du lumpenprolétariat, le premier comme acteur du développement historique, le second, méprisé, considéré comme l’étranger absolu, mais dont les effets sociaux gagnent ensuite les niveaux plus élevés de la société (de la canaille à l’aristocratie financière par exemple, les artistes, la population des grandes villes dans son ensemble). Le lumpen constitue un groupe plutôt qu’une classe, susceptible d’articulation politique.
Laclau affirme que « les forces sociales sont l’agrégation d’une série d’éléments hétérogènes réunis au moyen de l’articulation politique ».
L’hétérogénéité est constitutive dans la mesure où elle se déprend d’une négation, d’une contradiction puis d’un renversement dialectiques. Elle n’est pas récupérable. En ce sens, le peuple n’est pas seulement opposé au pouvoir, il est quelque chose en plus. D’autant plus que le particularisme des demandes équivalentes ne peut être éliminé sinon la chaîne des équivalences n’aurait aucun lieu d’être. L’hétérogène comporte du multiple, une complexité interne qui structure le camp populaire. La frontière entre les deux camps n’étant pas immobile, il y a toujours une part indécidable entre les « signifiants vides » et les « signifiants flottants », entre l’hétérogène et l’homogène, entre le prolétariat et le lumpenprolétariat, où le jeu politique prend place ; c’est « une guerre de position » au sens de Gramsci, « une logique de déplacement des frontières politiques », qui n’est autre qu’« une opération politique de construction du peuple », conclut Laclau.
Le politique est donc synonyme de populisme. La construction du « peuple » est l’acte politique par excellence vis-à-vis de « la pure administration dans un cadre institutionnel stable ».

La représentation

La représentation consiste en une combinaison entre homogénéité et hétérogénéité. La constitution d’un peuple requiert une complexité interne. Rien dans ces demandes n’annonce une « destinée manifeste », une unité, une chaîne. D’où la nécessité du moment homogénéisateur du signifiant vide. Sans ce moment, il n’y aurait pas de chaîne d’équivalences. Le signifiant vide, qui est quelque chose de plus que l’image d’une totalité existant à l’avance, constitue cette totalité, ajoutant ainsi une nouvelle dimension qualitative. Il représente tous les maillons de la chaîne. Toute identité populaire a une structure interne qui est essentiellement représentative. Pour qu’il y ait populisme, il faut que la logique des demandes équivalentes traverse des groupes sociaux hétérogènes.

Pour situer la conception de la politique de Laclau

Contrairement à Claude Lefort qui voit la question de la démocratie (l’égalité, l’identité entre gouvernants et gouvernés et la souveraineté populaire) liée au cadre symbolique libéral (la loi, la défense des droits de l’homme et le respect de liberté individuelle), Chantal Mouffe ne conçoit pas de relation nécessaire entre ces deux traditions, mais une « articulation historique contingente ». Elle propose un modèle agonique de la démocratie où le rôle des passions et des affects est crucial pour la connaissance des conditions d’existence d’un sujet démocratique. Pour Lefort, le lieu du pouvoir dans les démocraties est vide, laissé vacant par le roi, le prince. Mais pour Laclau, c’est une question de production du vide à partir du fonctionnement de la logique hégémonique. Le vide est un type d’identité et non pas un emplacement structurel, ce qui n’est pas abstrait.

Conclusion

Le « non-terrain » sur lequel la politique populiste se construit est « une zone grise de contamination » qui relève de l’essence même du politique, selon Laclau. C’est un terrain à redéfinir constamment, qui s’oppose au thème de la « fin du politique » des postmodernes ; hors des certitudes, il s’agit de considérer plutôt « l’arrivée dans une ère pleinement politique ». L’hétérogénéité sociale joue un rôle primordial, constitutif et irréductible pour penser la construction du « peuple » comme acteur politique. C’est un excès (non manipulable, sans dialectique). Son trait essentiel est la déficience, « présente comme ce qui est absent ».

(Les Cahiers de Philomène, n°1)

Notes

[1Ernesto Laclau, La raison populiste, Seuil, 2008.

[2Sigmund Freud, Essais de psychanalyse, Payot, 1981, p. 123.