Blackfaced ou : Le cerveau reptilien de l’homme blanc

, par Alain Brossat


Le blackface a mauvaise réputation par les temps qui courent, de vieilles histoires se réveillent où des grands de ce monde sont pris en flagrant délit rétrospectif en train de poser sur des photos fêtardes, hilares - et blackfaced - ça ne fait plus rire du tout, Justin Trudeau, le fringuant Premier ministre canadien vient de faire les frais de ce salutaire réajustement normatif, il lui fallut s’excuser profusément en public et battre abondamment sa coulpe pour apaiser la tempête.
Mais le blackface est sournois, tapi qu’il est dans le cerveau reptilien de l’homme blanc - on le voit réapparaître inopinément là où on ne l’attendait plus - témoin ce croquis d’audience du Monde (27/09/2019) où la signature du Mal sur le visage de trois djihadistes amateures actuellement jugées pour un projet d’attentat foireux et foiré contre Notre-Dame apparaît sous la forme de trois passages au noir destinés en quelque sorte à blackfacer l’identité terroriste. D. W. Griffith ne faisait pas mieux lorsqu’il donnait le visage d’un Noir à la lascivité, au chaos, à la violence meurtrière. Vu les noms des trois Bonnies sans Clyde incriminées, il est infiniment peu probable que le coup de pinceau appliqué par le dessinateur découle d’un souci réaliste. C’est le blackface comme stigmate, et comme au bon vieux temps. Merci, Le Monde, de conserver les bonnes vieilles traditions !