De 1755 à Lisbonne à 2023 en Turquie. Les tremblements de terre continuent
Voltaire et Rousseau, deux célèbres philosophes des Lumières sont à l’origine d’une fameuse polémique sur le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 ; un débat qui les avait opposés. Le 1er novembre 1755 a lieu dans la capitale portugaise un séisme particulièrement dévastateur. Outre les destructions matérielles innombrables, on compte autour de 60 000 victimes. Le séisme provoque de nombreux incendies et il est suivi d’un tsunami. La nouvelle, qui se transmet dans l’ensemble des capitales européennes, provoque stupeur et effroi et va susciter ce que l’on peut considérer comme une des premières interventions humanitaires internationales de l’Histoire. Parmi ceux qui se désespèrent de cette terrible nouvelle, il y a un certain François-Marie Arouet, plus connu sous le nom de Voltaire. Dans Candide, le précepteur Pangloss, qui incarnait et parodiait le philosophe allemand Leibniz, disait à son élève Candide : « Ce tremblement de terre n’est pas une chose nouvelle […] la ville de Lima éprouva les mêmes secousses en Amérique l’année passée ; mêmes causes, mêmes effets : il y a certainement une traînée de soufre sous terre depuis Lima jusqu’à Lisbonne…(Candide ou l’optimisme, pocket, 1998, p.38.) » Mais Voltaire voulait faire un démenti ironique à l’affirmation optimiste de Leibniz. Pour cela, dans Dictionnaire philosophique il s’en prendra directement à Leibnitz : « TOUT EST BIEN Ce fut un beau bruit dans les Ecoles, et même parmi les gens qui raisonnent, quand Leibniz, en paraphrasant Platon, bâtit son édifice du meilleur des mondes possibles, et qu’il imagina que tout allait pour le mieux. (Dictionnaire philosophique, p.133) » Nous pouvons considérer ce conte philosophique, Candide, comme paradigmatique de la philosophie des Lumières. Il couvre tous les sujets philosophiques du temps du philosophe : la religion et le fanatisme, la liberté politique et la tyrannie, la connaissance et l’obscurantisme, le bonheur et la fatalité, la liberté et l’esclavage.
En 1710 dans la Théodicée, puis en 1714 dans la Monadologie, le philosophe allemand Leibniz élabore un système philosophique qui rencontre un énorme succès dans l’Europe d’alors ; un système qui est aussi idéologique qui s’accorde si bien à l’élan conquérant de la Raison et du Commerce conjugués ; distinction entre « mal métaphysique », « physique » et « morale », principe de la « raison suffisante » (« il n’ y a pas d’effet sans cause », chaîne des « causes » et des « effets », « harmonie préétablie » entre le « mal », « mal particulier » et le « bien en général », le « meilleur des mondes possibles » séduisait beaucoup, y compris Voltaire au départ. Mais c’est ce fameux tremblement de terre de Lisbonne, en 1755, qui semble être à l’origine du refus de l’optimisme chez lui. Il se demande si Dieu est vraiment bon, ou bien s’il est vraiment tout-puissant. Candide sera la traduction de ce questionnement religieux et métaphysique : « Cela est bien dit , répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. ».
Le tremblement de terre de Lisbonne provoque chez Voltaire un pessimisme dont il ne se remettra pas et qui va durablement affecter sa conception du monde. D’ailleurs, il transcrira son tourment intérieur dans un long poème, intitulé « poème sur le désastre de Lisbonne ». Lui qui avait chanté jadis, dans son poème « le mondain », l’hédonisme du temps présent et le paradis terrestre que représentait à ses yeux le monde civilisé, le voilà qui se prend à douter : tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes comme le pensait Leibniz. Et à ce cri de détresse de Voltaire, pathétique et philosophique à la fois, un certain Jean-Jacques Rousseau répondra : « Tout eût fui au premier ébranlement , et on les eût vus le lendemain à vingt lieus de là, tout aussi gais que s’il n’était rien arrivé, mais il faut rester, s’opiniâtrer autour des masures, s’exposer à de nouvelles secousses, parce que ce qu’on laisse vaut mieux que ce qu’on peut emporter. […] Serait-ce donc à dire que l’ordre du monde doit changer selon nos caprices, que la nature doit être soumise à nos lois, et que pour lui interdire un tremblement de terre en quelque lieu, nous n’avons qu’à y bâtir une ville ? ( « Lettre de J.-J. Rousseau à Monsieur Rousseau de Voltaire(18 août 1756) », citée in Candide ou l’optimisme, Pocket, 1998, p. XVIII. »
En quoi donc repose la réponse de Rousseau ? Elle peut être résumée en deux arguments principaux. Le premier consiste à dire que la mort n’est pas un mal en soi. La deuxième objection porte sur la cause du mal. Elle vient selon Voltaire de la nature elle-même. Or, Rousseau fait remarquer que les destructions et les morts qui en ont résulté n’ont pas leur seule origine dans une catastrophe naturelle mais également dans l’activité humaine qui n’a pas pris en compte la possibilité de cette catastrophe. Les maisons ne se sont écroulées et n’ont été ravagées par les flammes que parce qu’elles avaient été construites par l’homme. Dieu ni la nature n’ont rien à voir là-dedans. Cette objection est importante en cela qu’elle modifie radicalement l’approche qui avait été celle en vigueur jusqu’alors : au châtiment divin d’origine surnaturelle venant s’abattre sur les pauvres mortels pour les punir de leurs pêchés, Rousseau oppose une explication rationnelle. La nature a ses lois qui ne peuvent être ignorées et dont il faut tenir compte si on ne veut pas les subir passivement. C’est d’une certaine façon ce qui animera la pensée de celui qui sera le maître d’œuvre de la reconstruction de Lisbonne, le marquis de Pombal : aux rues étroites et tortueuses du Lisbonne médiéval, il substituera de larges avenues rectilignes avec des maisons construites de façon à résister aux secousses sismiques, celles du quartier Baixa qui constitue encore aujourd’hui une des principales attractions pour le touriste qui visite Lisbonne. Pour Rousseau, le monde est fait de peines et de souffrances que rien ne semble justifier et l’explication religieuse qui consiste à faire d’une catastrophe naturelle un châtiment divin ne tient pas en cela que justes et injustes sont indistinctement touchés de la même manière. Disons qu’il suggère une interaction entre lois naturelles et activités humaines qui doit servir de boussole au cas d’un tremblement de terre. Dans la mythologie grecque, ce sont les dieux, représentants des forces obscures qui animent le monde, qui se chargent de le punir. La punition est par conséquent de nature métaphysique et morale. Représentant du courant des Lumières qui entend substituer la raison à la croyance religieuse, Rousseau rompt définitivement avec cette vision du monde ; les malheurs qui affectent l’homme n’ont rien d’une punition divine, en revanche ils trouvent leur origine et leur explication logique dans les activités humaines. L’homme peut échapper à la tragédie par l’exercice de sa raison en cherchant à connaître les lois naturelles et en adaptant son comportement en conséquence. Dans le monde rationaliste qui est celui des Lumières, il n’y a donc ni fatalité, ni providence, seulement des enchaînements logiques de causes et de conséquences. On comprend pourquoi dans l’Emile, Jean-Jacques Rousseau préconisait d’éduquer les enfants non par des discours, mais en les confrontant directement aux réalités du monde matériel.
L’historien Grégory Quenet, dans son livre de référence (Les tremblements de terre Au XVIIe et XVIIIe siècles, Epoques Champ Vallon, 2005.), en partant du fameux tremblement de terre du 1er novembre 1755 à Lisbonne, fait de ce phénomène naturel un objet de l’histoire. Il montre que cette catastrophe ébranle les esprit européens, déclenchant un vaste débat philosophico-théologique de grande ampleur sur l’existence du mal. Les tremblements de terre sont les grands absents des manuels scolaires, les oubliés de l’histoire de France. Pourtant, l’exploration des archives et des sources historiques fait apparaître que plus de 750 séismes ont frappé le territoire français aux XVIIIe siècle, dont plus de 250 ont causé des dommages matériels, qui pour certains sont considérables. Pourtant, cette histoire tellurique se déploie sur une histoire européenne. Et ultérieurement, les tremblements des terres mal connus et mal définis deviennent peu à peu un objet scientifique, juridique, politique et culturel : « Aux XVIe et XVIIIe siècles, les phénomènes telluriques sont mal définis, peu territorialisés ; les « tremblements de terre » désignent des séismes, aussi bien que des glissements de terrain, des ouragans. Dans la culture savante, interprétation et imaginaire des séismes bénéficient déjà d’une longue tradition, héritée de la culture humaniste et prophétique. […] Le célèbre tremblement de terre de Lisbonne, la masse des secousses anonymes qui l’encadrent, rappellent que pour connaitre le présent, il faut parfois faire un détour par le passé. Un événement, aussi désastreux soit-il, ne change pas la face du monde s’il ne s’implante pas sur un terreau déjà semé. Si le raisonnement est vrai pour un événement naturel dont les mécanismes profonds échappent à toute intervention humaine, il l’est a fortiori pour une pandémie, une crise alimentaire majeure et un attentat effroyable. Face à une catastrophe, la tentation est grande de refuser toute comparaison, au nom de la dignité des victimes. Le chemin est vite parcouru qui conduit à invoquer des boucs émissaires plutôt que des responsabilités partagées, à s’en remettre à l’incompressibilité religieuse du mal plutôt qu’à des enchaînements complexes de causes bien réelles. (Les tremblements de terre Au XVIIe et XVIIIe siècles, Epoques Champ Vallon, 2005 : « CONCLUSION » ; pp.475- 479. »
DERNIER TREMBLEMENT DE TERRE EN TURQUIE
Cette fameuse polémique entre Voltaire et Rousseau ne nous évoque-t-elle pas la pandémie du premier confinement, la question du réchauffement climatique, et dernièrement le grand tremblement de terre qui frappe actuellement la Turquie ? Le séisme en Turquie est sans doute la première catastrophe du siècle et le président Erdoğan endosse une immense responsabilité dans l’ampleur des pertes humaines et matérielles. Par ses négligences volontaires on parle même d’un crime contre les peuples de Turquie. Le lundi 6 février le pays, à 4 h 17 du matin, un séisme de magnitude 7,8 a frappé la Turquie et la Syrie. Une dizaine de minutes après le séisme le plus puissant, une réplique de magnitude 6,7 s’est produite à proximité de l’épicentre et d’autres répliques continuent aujourd’hui de se produire dans une zone allongée sur plus de 350 kilomètres, depuis l’est de la Turquie jusqu’à la frontière syrienne. Ces « répliques », les séismes qui se produisent après un grand tremblement de terre, sont attendues et leur comportement statistique est bien connu. Près de 7 habitants sur 10 vivent dans un zone sismique, soit 60 millions de personnes sur 85 millions. Et aujourd’hui, au dix-septième jour du tremblement de terre, la panique généralisée a largement cédé la place à la colère des survivants. De plus en plus la chance de sauver des vies sous les décombres diminuaient. Le dernier bilan fait état de plus 50 000 morts et près de 26 millions de personnes affectées. Et actuellement, au moins 25 millions d’édifices érigés en Turquie seraient à risque. Ces « répliques », les séismes qui se produisent après un grand tremblement de terre, sont attendues et leur comportement statistique est bien connu. Les séismes dans cette région du monde sont courants, mais l’ampleur de celui-ci est clairement catastrophique. L’avant dernier grand tremblement de terre de Marmara en 1999 (17 000 morts) avait contribué à disloquer le paysage politique turc et ouvrert la voie du pouvoir au dirigeant islamo-nationaliste d’ Erdoğan. En août 1999, ce séisme fut ressenti jusqu’à Istanbul. Il a mis en évidence une négligence criminelle, avec bien souvent la complicité des autorités. Du sable de mer non désalinisé entrait notamment dans les bétons utilisés dans la construction des immeubles, rendant ainsi le ciment plus friable. Des entrepreneurs ont été poursuivis, et promesse a été faite de renforcer les normes antisismiques, vu l’épidémie de constructions illégales. Vingt-quatre ans plus tard, rien ne semble avoir changé, et la responsabilité devient encore plus criminelle. On commence même à construire des bâtiments hauts, forcément plus vulnérables aux tremblements de terre. Et aujourd’hui le séisme plus dévastateur du 6 février 2023 frappe la Turquie.
Le séisme actuel révèle les fragilités du pouvoir d’Erdoğan et il a mis en lumière la corruption dans le BTP, lié à son système de corruption qu’il a lui-même installé. Les images du tremblement de terre sont cruelles. La province de Hatay, la région plus au sud de la Turquie la plus touchée. La région alentour et ses paysages sont apocalyptiques. Les quartiers entiers rasés d’Antakya, d’Hatay, d’Kahramanmaraş. Les scènes de décombres, désolation et de mort sont partout. Encore une fois, des critiques de plus en plus nombreuses, d’experts qui dénoncent le manque d’anticipation des autorités, mais aussi la corruption des promoteurs immobiliers et leurs collusion avec les plus hautes sphères du pouvoir turc. La vie des réfugiés Syriens a de nouveau basculé avec le tremblement de terre. La Turquie et la Syrie, faisaient ensemble plus de 50 000 morts. Dans la province de Hatay où ils représentaient 20 % de la population , les refugiés syriens comptaient de nombreuses victimes. Le racisme anti-syrien, alimenté ces dernières années par la crise économique qui a transformé les 3,7 millions de réfugiés en bouc émissaire, explose depuis le séisme.
Une scène connue à travers les médias sociales turques : La petite fille aux yeux grands ouverts hébétés, qui doit avoir 10 ou 11 ans. Elle bouge à peine face à l’appareil photo du téléphone. Les mères , les pères, les fils, les filles cherchent leurs proches sous des décombres encore vivants et ils essayent de soulever des décombres avec leurs mains nues tout en dialoguant avec pour les encourager. Comme leur force ne suffit pas et qu’il n’y a toujours pas de secours d’Etat les voix des survivants se sont tues et ils ont disparu pour toujours. Ces faits quasi incroyables pour nous ne sont pas exceptionnels. C’est la réalité quotidienne. On enterre les cadavres non identifiés, sans même de sépultures dans les fausses communes. Les parents enterraient leurs fils, leurs filles. Les fils et les filles enterraient leurs parents. Les secouristes criaient « Il y a quelqu’un ici ! Il y a quelqu’un ici ! », et des voix sous les décombres répondent aussitôt « sauvez-moi ! ». Mais sans moyens techniques ils n’y arrivent pas. Il fait un froid insupportable. Au dix-septième jour du tremblement de terre on apprend que quelque part dans le sud-est de la Turquie, une région vient d’être dévastée et elle est inaccessible. Un autre sécouriste volontaire essaie de soulever des décombres sur un corps coincé jusqu’à la poitrine par du béton effondré, « Courage mon frère, on va te sauver, tu as soif ? » Dans les premiers jours qui sont décisifs pour la survie humaine il n’y a pas eu d’intervention de l’Etat turc. Face à cette situation, je pense que jamais le peuple de Turquie n’était jamais autant en colère. Comme on attend un grand tremblement de terre gigantesque avec un risque de tsunami à İstanbul, la grande partie de la Turque désormais est sur le qui-vive. Le président Erdoğan a décrété le 8 février l’état d’urgence (OHAL) dans dix provinces touchées par le tremblement de terre. Cette mesure fonctionne pour empêcher l’entraide civile et limite fortement la liberté de la presse. Le gouvernement entrave systématiquement l’aide civile et bénévole aux régions sinistrées. Près de deux semaines après les séismes à Kahramanmaraş et Gaziantep, dans le sud de la Turquie, de nombreuses voix critiquent ouvertement le manque de réactivité de l’appareil d’État. L’efficacité de la mobilisation de la société civile agit comme un révélateur de l’incurie de l’appareil étatique. Et pendant ce temps, il y a eu le grand succès de l’ONG (AHBAP), lancée par le rockeur Haluk Levent, qui subit les foudres de l’extrême droite. Le très populaire rockeur Haluk Levent fait figure de Robin des bois en Turquie. Quant à l’aide internationale, surtout occidentale : au moins 45 pays mobilisés pour sauver les sinistrés. Cette aide est très bien accueillie par les sinistrés parce qu’elle était présente bien avant l’Etat turc.
Jusqu’à présent les séismes font plus de 50 milles morts, tandis que nombre de personnes coincées sous les décombres est encore inconnu ; 100 milles ? Probablement beaucoup plus. De nombreuses zones sont encore privées de secours. Les habitants tentent de sauver toujours les personnes coincées sous les décombres par leurs propres moyens. Il faut s’attendre à ce que l’état d’urgence soit utilisé pour limiter fortement la couverture médiatique des zones sinistrées afin de dissimuler les défaillances mortelles de l’État dans l’organisation des secours d’urgence. N’oublions pas que la Turquie est en pleine campagne électorale, c’est pourquoi il est important pour Erdoğan et son gouvernement AKP/MHP (coalition islamo-nationaliste au pouvoir) de faire taire les voix critiques. Les informations diffusées par les autorités et les médias turcs divergent fortement des témoignages directs, notamment en ce qui concerne l’ampleur des destructions et le nombre de victimes. Alors que le gouvernement fait mine de maîtriser la situation, dans beaucoup de zones sinistrées, les habitants disent n’avoir reçu aucune aide même au dix-septième jour. Il n’ y a toujours pas de systèmes sanitaires, pas de canalisation, ni d’égout. Si ça continue comme ça les maladies épidémiques attendent les sinistrés. Les images et les informations communiquées par les personnes qui se trouvent sur place, ainsi que par les ONG et les partis d’opposition devraient désormais être soumises à une forte censure en application des règles d’état d’urgence. Depuis longtemps, l’islamoconservateur Erdoğan a lentement, mais sûrement, monopolisé l’appareil d’État, coopté les institutions, suborné les tribunaux et transformé une grande partie des médias en instruments de propagande. Nombre de ses critiques ont été jetés en prison.
Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer la mauvaise qualité des bâtiments construits dans cette région dont on connait depuis longtemps la position géographique propice aux tremblements de terre. Les critiques portent sur la qualité médiocre des bâtiments construits ces dernières années, dont la plupart se sont écroulés comme des châteaux de cartes lors du séisme. Il est de plus en plus évident que les bâtiments de l’entreprise publique TOKI chargée de la construction des logements sociaux sont les plus touchés. Dans le climat politique répressif et délétère qu’est devenu celui de la Turquie d’Erdoğan, des Turcs en colère ont aujourd’hui le courage de le montrer du doigt. Même s’il y en a, les secours gouvernementaux souffrent d’un manque flagrant de coordination et de compétence, alors que le froid sévit et qu’il faut d’urgence nourrir et mettre à l’abri plus de deux millions de personnes. Les dons en nature et en argent ne pourront être collectés que par l’intermédiaire de l’organisme public de gestion des catastrophes (AFAD), mais le matériel de secours collecté par les ONG pour venir en aide aux victimes du séisme est confisqué par le gouvernement d’Erdoğan. La Turquie vit désormais en situation de tremblement de terre permanente. Un nouveau fort tremblement de terre a secoué lundi soir la ville d’Antakya, dans le sud de la Turquie (de magnitudes 6,4 et 5,8), où au moins trois personnes sont mortes dans l’effondrement d’immeubles fragilisés par les précédentes secousses.
Cette grande catastrophe naturelle et humanitaire est un tournant dans l’histoire du peuple turc, qui souffrait déjà d’une crise économique et sociale sans précédent. Une importante partie de la société turque frôlait déjà la misère. Je peux dire qu’un mécontentement silencieux du peuple turc se prépare contre le régime de l’ « Homme Unique (ek Adam Rejimi) d’Erdoğan. L’avenir est ouvert pour le meilleur comme pour le pire.