Pas une voix ne doit manquer à Emmanuel Macron au second tour !
Farce militaro-nihiliste en un acte, par Magali Tripette
Personnages : Méluchard, propriétaire d’une pension de famille ; Votichon, un vieux client et son ami.
Méluchard est assis dans un fauteuil, dos tourné au public ; il feuillette Le Monde en fumant sa pipe ; des volutes de fumée bleue montent vers le plafond.
Votichon fait irruption dans la pièce, très énervé...
– Le général Alpaca s’est encore branlé dans la baignoire !
– L’ordure ! … Mais comment le sais-tu ?
– La baignoire déborde ! La salle de bain est toute inondée...
– Quel homme ! Mais comment tant de semence peut-elle être contenue dans un si petit homme ?
– Sais pas. Mais c’est sans doute la raison pour laquelle ses copains de promo, à Saint-Cyr, l’appelaient Pompe-à-foutre...
– Sans doute. En attendant, ça ne nous dit pas ce qu’on va faire de tout ça, du sperme à trois étoiles, quand même...
– On ne peut pas juste enlever la bonde, comme ça...
– Sans compter que ça risquerait de boucher les canalisations...
– On pourrait peut-être le mettre en flacons, en bouteilles – pour inséminer les veuves de guerre...
– Riche idée ! Réfléchissons un peu : combien de veuves de guerre peut-on espérer fertiliser avec une pleine baignoire de foutre de général ?
– Un vrai problème de Certificat d’Etudes ! Mathématiques élémentaires ! Partant de l’idée qu’une baignoire contient dans les soixante-dix litres...
– Plutôt cent, cent-vingt, dirais-je...
– Mettons cent-vingt, comptons large... et donc qu’il faut compter dans les deux centilitres de semence par veuve de guerre inséminée...
– Tout en retranchant dix pour cent de pertes inévitables, à l’occasion des manipulations...
– Plus, disons, quinze pour cent de veuves infertiles, stériles comme la Crau...
– Ça ira chercher dans les... (il tapote fébrilement sur les icônes de son smartphone à la recherche de la touche « calculette »), dans les...
– Te fatigue pas... Disons, à la louche, dans les deux cent mille veuves enceintes des œuvres du général...
– Colossal ! Et à ton avis, il vaudrait mieux vendre au litre, au détail, ou bien alors tout le lot, en gros, à la Banque du Sperme ?
– Ben... au détail, ballot, c’est ça qui rapporte ! Disons, à pas moins de 50 000 NT la bouteille, ça va faire dans les...
– Un pactole ! Bon, mais c’est pas tout : une fois qu’on a touché le gros lot, on en fait quoi, de ce pognon ?
– On le place, on l’investit dans l’éolien – c’est ce qui rapporte en ce moment...
– Riche idée, encore ! Mais après ?
– Après, bien sûr, on récupère le tout, plus les intérêts et on l’investit dans la campagne pour les Présidentielles de 2027, évidemment. Comme ce coup-là, le funambule sera hors course et que quelque chose me dit que la Blonde aura avalé son bulletin de naissance, le candidat insoumis a toutes ses chances...
– Brillant ! Mais 2027, c’est loin... A supposer qu’un accident de parcours, un accident, un imprévu...
– J’y ai pensé – on a un plan B. Dans chaque bouteille du précieux liquide, « appellation contrôlée Alpaca », on ajoute un centilitre de liqueur votante insoumise, bien dilué....
– J’ai compris ! Ainsi, chaque enfant à naître des œuvres du général (ça devrait faire dans les trois cent cinquante mille, à vue de nez...) sera programmé pour voter selon nos vœux dès sa majorité, sans exception...
– … Ce qui, en cas de vote serré, fera forcément la différence – bingo !
– Oui, mais, en 2027, ces rejetons-là des veuves et du général n’auront pas encore dix-huit ans...
– Pas grave, on a tout l’avenir devant nous... Patience et longueur de temps...
– Certes, mais le temps qu’ils soit majeurs, ces merdeux, notre homme providentiel à nous, il sera presque centenaire...
– Pas grave, encore, il a des enfants ! On va faire comme en Corée du Nord ! Une dynastie insoumise – belle comme l’antique !
– Idée brillantissime ! Tu penses vraiment à tout, on dirait que tu es né au fond d’une urne ! L’insoumission génétiquement transmissible ! Il fallait le trouver, quand même !
– Merci – mais c’est pas tout ça : ce dimanche, LE BARRAGE ! VOMISSEZ MACRON DANS L’URNE, PAS A COTE ! IL Y VA DE L’AVENIR DE NOTRE BEAU PAYS !
(le rideau tombe tandis que retentissent les premières notes de La Marseillaise)