Un dommage collatéral du passe sanitaire
Suite à la publication sur notre site du texte d’Alain Brossat & Alain Naze, "De base" - ou la petite apocalypse antivax, un lecteur, qui n’est pas opposé par principe au passe sanitaire, nous a toutefois adressé cette brève remarque quant à l’un des effets pervers de ce dernier. (Ndlr)
Je m’adresse à vous après avoir lu l’article que vous avez écrit sur le « mouvement » anti-passe. J’étais vraiment content de tomber sur ce discours, qui tranche par rapport à la complaisance lundi matiniste à l’égard de tout ce qui prend la rue.
Mais j’aimerais quand même attirer votre attention sur ma situation, qui est probablement fréquente et qui appelle malgré tout à formuler une opposition au passe. Une opposition qui ferait droit à notre capacité collective d’assumer l’obligation-envers. Je vis dans un village de 400 âmes où, à la louche, une centaine de personnes sont liées par une solidarité matérielle et une convivialité à toute épreuve. Cela permet à chacun, même fraîchement débarqué, de proposer des initiatives et de se faire aider. Seulement, il y a toujours dans ce genre d’endroits une part de spiritualité Nature & Découverte qui, dans des temps comme ceux que nous traversons, égare une partie des gens. Mes amis (vaccinés et non covido-sceptiques) y tiennent une librairie dans laquelle ils servaient des cafés et des goûters. L’application du passe sanitaire voudrait qu’ils ferment leurs portes à plus de la moitié de leurs fréquentations habituelles, au risque de perdre leur confiance et pour certain leur amitié. Pour l’éviter, ils ont décidé d’arrêter de servir boissons et nourriture. Il en va de même pour notre épicerie, qui faisait bar tous les soirs. Nous aurions préféré pouvoir nous auto-organiser pour prendre soin les uns des autres. Nous nous serions immanquablement brouillés entre voisins et amis, mais nous aurions mieux réussi qu’avec un passe qui nous impose soit de nous séparer d’une partie des gens — sans les empêcher de faire comme si le virus n’existait pas partout ailleurs où ils vont –, soit de priver quelques-uns d’entre nous de revenus vitaux.