Vingt commentaires sur la quête du Saint Graal
Préambule : on est partis à la recherche du Saint Graal et on ne l’a pas trouvé. [1]
1- On a mal cherché, on est vraiment trop cons.
2- En fait, le Graal n’existe pas (pas étonnant qu’on ne l’ait pas trouvé, du coup).
3- On l’a trouvé, mais on raconte qu’on ne l’a pas trouvé parce qu’on veut le garder pour nous plutôt que le remettre à cette fiotte de Roi Arthur.
4- On l’a trouvé, mais on se l’est fait faucher presque tout de suite après. Alors on dit qu’on ne l’a pas trouvé, histoire de ne pas passer pour des billes.
5- On ne l’a pas trouvé pour la bonne raison qu’il existe, mais qu’il est invisible.
6- On ne l’a pas trouvé parce qu’on est miros. Surtout Lancelot qui n’y voit pas à deux mètres, on se demande comment il fait pendant les tournois.
7- On ne l’a pas trouvé parce qu’il n’existe qu’à mi-temps. On est tombés au mauvais moment.
8- Il n’y a rien à trouver, vu que tout ça, c’est du flan, rien qu’une histoire. Il n’y a pas plus de Graal que de beurre en branche, pas de roi Arthur, pas de reine Guenièvre, pas de Lancelot du lac. Words, words, words.
9- On ne l’a pas trouvé pour la bonne et simple raison que cette histoire de Saint Graal, c’est un coup monté par Arthur pour nous éloigner du château. Cela faisait déjà quelque temps qu’il soupçonnait Lancelot de fricoter avec sa reine.
10- C’est un problème de traduction. Il faudrait aller vérifier dans l’original – en vieil anglais, en latin ou en gaëlique ?
11- C’est tout dans la tête de Guenièvre. Elle s’emmerde, enfermée à longueur de journées dans sa chambre sombre et glaciale. Le roi la néglige. Alors elle se fait un film sur Lancelot parti à la quête du Graal et qui va revenir pour la sauter. Elle est folle de son corps et Arthur est un amant lamentable.
12- C’est un coup de pub monté par une société de com’ bien connue pour faire la promo d’un spectacle estival son et lumière, dans un château en ruines de Basse-Normandie. C’est un oligarque russe abrité derrière plusieurs sociétés écrans qui tire les ficelles.
13- En fait, non, ce n’est pas Arthur qui a lancé le bobard, c’est cet escroc de Merlin – histoire de lutiner les pages à sa guise tandis que nous serions en train d’errer dans les forêts épaisses.
14- C’est quoi, toute cette histoire, cet attroupement ? Circulez, il n’y a rien à voir dans ce château, rentrez chez vous – sinon, on vous embarque !
15- Et Dieu dans tout ça ? Est-il bon ou bien méchant ? A-t-il monté toute cette affaire en vue de nous éprouver et de nous rendre meilleurs ou bien juste pour nous pourrir la vie ?
16- Le Saint Graal est un leurre. Ce qui compte, c’est les armures, les heaumes et tout ça. C’est une histoire de quincaillerie. Quand les chevaliers approchaient, les paysans les entendaient cliqueter de loin et disaient : « Voilà les emmerdes qui arrivent ! ».
17- Du point de vue du bien-être animal, ça reste moyen : les chevaux se font larder de flèches, or ils n’y sont pour rien. Ce qu’ils veulent, c’est leur picotin – pas le Graal.
18- Idem du point de vue décolonial : rien que des blancs chrétiens qui s’étripent. Impasse complète sur les damnés de la terre.
19- Idem encore du point de vue Metoo# : l’amour mystique à la Lancelot, ça ressemble un peu trop à du harcèlement, surtout quand il lui dit : « J’ai des yeux pour l’impossible » en tentant de la déshabiller sur un tas de paille. Que fait la police ?
20- Oubliez tout ça. Ce n’était qu’un mauvais rêve. Vous n’êtes ni Lancelot, ni Arthur, ni Guenièvre, ni même le traître Mordred. Regardez plutôt l’étape du Tour de France. Ça, c’est du solide, du vrai, du réel.
Emir Pougatchev