Le conatus de Simon

, par Tchat Djipiti


Le fameux « persévérer dans son être » de Spinoza, on ne l’a pas vraiment compris tant que l’on n’a pas observé la vie exténuée et vacillante et qui s’acharne jusqu’à son dernier souffle.
Armand Bichette

La question décisive aujourd’hui : non plus "La politique est-elle encore possible ?" ; ni "Comment faire de la politique ?", mais : "Peut-il encore exister, pour nous, des segments de vie exempts de toute politique ?"
Cléopâtro Maxius

Ce matin, au réveil, Simon a tâté avec sa langue l’intérieur de sa bouche. Un gros aphte s’était développé pendant la nuit.
Pendant deux ou trois jours, peut-être davantage, la déglutition sera de nouveau difficile, douloureuse.
Maintenant, Simon balance à pratiquer des attouchements d’acide trichloracétique : si ce dernier apporte en général un soulagement rapide, dans l’heure, il peut dans le même temps occasionner des brûlures, voire une nécrose des tissus.
Simon opte finalement pour un gargarisme d’Eludril, riche en principes antalgiques et bactéricides moins offensifs, partant moins dangereux.
Il entame l’éradication médicamenteuse de la lésion lorsque le téléphone se met à sonner.
Remettant son bain de bouche à plus tard, Simon se dirige vers le combiné :
« – Allo ? »
La voix d’un homme d’âge mûr, une voix familière, se fait entendre :
« – Simon ? c’est moi... Comment vas-tu mon vieux ?
– Pas très bien, à vrai dire : j’ai une grosse ulcération superficielle dans la bouche. »