Confession et récit romanesque chez Proust

, par Mehmet Aydin


Posons la question d’emblée. Le style d’écriture de Marcel Proust ne comporte-t-il pas en lui l’autobiographie, l’aveu et la confession à la fois ? Car dès qu’il est question de Proust, il y a cette hypothèse qu’il a voulu imiter et prendre pour modèle les Confessions de Rousseau. Depuis la publication de A la recherche du temps perdu, l’intertextualité entre l’œuvre de Marcel Proust et de Jean-Jacques Rousseau est en débat. Il y a chez Proust, un certain paradoxe du « Je », comme s’il s’agissait de la confession de l’écrivain lui-même. Sa construction romanesque joue sur l’utilisation d’un procédé littéraire ; la forme d’une confession, de l’aveu, bien qu’il s’agisse d’un roman, non d’un livre d’autobiographie et de confession.

Au début de sa vie d’écrivain, dans Jean Santeuil, écrit à la troisième personne, Proust n’a écrit que des mémoires. Ce premier roman est resté inachevé. Il débute ainsi : “ [ENFANCE ET ADOLESCENCE] [Le Baiser du soir ] La petite porte du jardin se refermera sur Jean qui était revenu une troisième fois dire bonsoir à sa mère et qui avait été assez mal reçu. “ Il est un peu triste, docteur, dit Mme Santeuil avec douceur en se tournant vers le professeur Surlande, pour excuser son fils. C’est première fois que je ne dois pas aller lui dire bonsoir dans son lit, et cela l’agite beaucoup... (M. Proust, Jean Santeuil, Gallimard, 1971, p.203.)" Et après cette première tentative échouée, en choisissant le « je » pour le Narrateur de la Recherche, il compose un vrai roman, de portée universelle. Ses célèbres phrases commençaient ainsi : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire « je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil me réveillait... ». Après une œuvre inachevée, la machine proustienne se mettra en marche à la recherche des temps perdus. Rien ne l’arrêtera.

Ses œuvres sont considérées pendant longtemps, même encore de nos jours, comme une autobiographie ; le Narrateur lui-même et les personnages sont confondus. Il paraît que Proust a beaucoup souffert de ces critiques accusatrices, et il s’en défendra beaucoup : « (...) J’ai le malheur de commencer un livre par le mot « je » et, aussitôt, on a cru qu’au lieu de chercher à découvrir des lois générales, je « m’analysais » au sens individuel et détestable du mot. Je remplacerais donc, si vous voulez bien, le terme de roman d’analyse par celui de roman d’inspection. [1] » Dans le même registre : « Je vois des lecteurs s’imaginer que j’écris, en me fiant à d’arbitraire et fortuites associations d’idées, l’histoire de ma vie. [2] », écrit-il à Paul Souday en 1919. Et encore : « Comme j’ai eu malheur de commencer mon livre par « Je » et que je ne pouvais plus changer, je suis « subjectif » in aeternum. J’aurais commencé à la place : « Roger Beauclerc occupant un pavillon, etc. », j’étais classé « objectif » (29 nov. 1921). (Citée par Laurent Nunez, in Marcel Proust, Magazine Littéraire Nouveaux regards, Paris, 2013, p.9.) » En matière de Proust, l’hypothèse qu’il a voulu imiter en prennent comme modèle les Confessions de Rousseau est un débat de toujours. Mais qu’en pensait-t-il lui-même ? Dans une lettre adressée à Henri de Régnier (le 28 novembre 1920) a écrit : « Je ne suis pas d’accord avec vous quand vous voyez des Mémoires, des Souvenirs, dans une œuvre construite ou le mot fin a été inscrit au terme du dernier volume (non paru encore) avant que fussent écrits ceux qu’on vient de publier. Le "Je" est une pure formule, le phénomène de mémoire qui déclenche l’ouvrage est un moyen voulu, comme si vous voulez la grive entendue a Montboissier qui ramène Chateaubriand à Combourg. [3] » Ce passage ne cache-t-il pas une certaine indignation qui rend manifeste son désir de se démarquer des Confessions de Rousseau et de son illustre avatar Chateaubriand ? Philip Kolb, dans son Introduction à la Correspondance de Marcel Proust (XXI tomes, 1970, Plon, p.10.) remarque : « Quelques-uns objecterons peut-être qu’en publiant cette Correspondance nous attacherons trop d’importance à la vie et à la personne d’un écrivain qui lui-même, on le sait, prisait si peu de sa propre vie et sa personne qu’il a fini par les sacrifier à son œuvre. » En effet, Proust, dans ses lettres, ne parle que de questions relatives à l’édition, de ses contradicteurs littéraires, et au cas où il répond à ses amis, encore de ses romans - mais jamais de sa vie intime. Cependant, il y a chez lui l’écriture de la correspondance, qui répond à une situation pragmatique mais aussi repose sur une forme de transparence de l’écrivain à l’égard de son destinataire, consistant à échanger des informations, défendre ses romans, et répondre à ses contradicteurs. En comparaison du fameux Tolstoï, la créativité littéraire de Proust, n’est pas est structurée par un désir confessionnel. Chez le romancier russe, toute sa vie intime est de la littérature en puissance. C’est en mars 1847, à l’âge de dix-neuf ans, que Tolstoï commence à tenir un journal intime. Et les dernières lignes ont été écrites soixante-ans plus tard, le sont à Astopovo, loin de chez lui, trois jours avant sa mort. Dans cette pratique, il y a une seule exception entre 1865 et 1878, dont une période de treize ans correspond aux premières années de son mariage. Proust n’a pas tenu de Journal. Pour finir ses romans interminables, il courait contre le temps, complètement absorbé, toute son existence durant, par l’écriture. Il était principalement occupé des autres. Je pourrais parier même qu’il aurait considéré la pratique du journal une activité non productive.

Il est évident qu’on ne peut pas réduire la Recherche à une autobiographie, ou à des confessions de l’auteur. Anne Henry argumente longuement à ce sujet : « En refusant d’assortir inflation narrative et grands drames - de toute façon absents de la Recherche - en réduisant à l’inanité cette thématique commune au genre romanesque aussi bien qu’au genre autobiographique, Proust est allé bien au-delà d’un déplacement d’accentuation. Mais s’il s’oppose dans un mouvement critique implicite à la dramatisation de l’autobiographie de jadis qui respectait les priorités extérieures, c’est que le véritable terrain démonstratif sur lequel il entend déployer son autobiographie modèle est cette région inexplorée des écrivains précédents, cet espace intermédiaire laissé en blanc mais après tout présupposé par la tradition […] C’est pour cela que la Recherche n’est pas une autobiographie. Pour l’historien, elle demeure fictive, pour le critique attaché à l’authenticité du genre, également, puisque Proust a inventé pour loger ses convictions un cheminement métaphorique. Mais elle demeure autobiographique au plus haut degré dans la mesure où la préoccupation d’une extraction de l’ipséité constitue aux yeux de Proust la raison d’être de toute création : un ego qui peut être délié de la fidélité événementielle mais pas de l’égrènement des événements car l’existence se déroule dans la temporalité, le moi est solidaire du monde. [4] »

L’emploi du "Je" et "Il" dans l’écriture romanesque prête à une certaine confusion. R. Barthes pense que, dans l’écriture romanesque occidentale, l’emploi du passé semble, plus qu’une nécessité, un indice de littéralité. L’écrivain, avec la narration à la troisième personne, forme une convention, qui signe l’appartenance du récit du roman et de la littérature. En revanche, en comparaison à ce style, la narration à la première personne est moins conventionnelle. Car le récit narré à la première personne du "je" romanesque, fait comme si la narration n’était pas surgie dans l’espace du roman et feint une "naturalité" trompeuse" : " On s’explique alors que le passé simple du Roman a [quelque chose] d’utile et d’intolérable : il est un mensonge manifeste ; il trace le champ d’une vraisemblance qui dévoilerait le possible dans le temps même où elle désigne comme faux. La finalité commune du Roman et de l’Histoire narrée, c’est d’aliéner les faits [...] Moins ambigu, le "je" est par là-même moins romanesque : il est donc à la fois la solution plus immédiate, lorsque le récit reste en deçà de la convention (l’œuvre de Proust par exemple ne veut être qu’une introduction à la Littérature), et la plus élaborée, lorsque le "je" se place au-delà de la convention et tente de la détruire en rénovant le récit au faux naturel d’une confidence (tel est l’aspect retors de certains récits gidiens). [5] " Proust, dans la Recherche, construit ses romans grâce à l’invention d’un narrateur qui dit « je », mais ce "je" ne conte pas sa vie. Dans l’itinéraire fabuleux du Narrateur, il faut distinguer l’apparence et la réalité ; des noms, des lieux, des milieux, et des temps, des rencontres amicales, amoureuses ou mondaines. Mais lui, il déconstruit tout ça. Dans son roman fleuve, il fait le compte-rendu des vies de ses personnages, et il les fait parler. Chaque personnage a son vocabulaire. Proust n’est pas un écrivain omniscient comme Balzac, qui enregistre tout au premier coup d’œil. Il les surveille comme un voyeuriste détective, il les fait évoluer. Et eux, ils se dévoilent dans leurs paroles et dans leurs actes. A la fin comme au début de la Recherche, le narrateur est toujours seul. Et durant cette période, on aura vu apparaître, disparaître, repartir plus de cinq cents personnes. Bref, Proust ne raconte pas sa vie mais la vie des autres.

Proust, encore jeune, a écrit « La Confession d’une jeune fille », publié dans les Plaisir et jours, en 1896. Le titre nous évoque les Confessions de saint Augustin, celles de Rousseau, ou encore les Confessions d’un enfant du siècle de Musset. Il s’agit un récit qui est écrit à la première personne. Le texte est divisé en quatre parties. Les deux premières sont consacrées aux souvenirs de l’enfance et de la prime adolescence. La relation de la jeune fille avec sa mère y occupe une place importante. La jeune fille décrit sa mère comme si elle était une mère-modèle très compréhensible et bienveillante lorsqu’elle lui fait ses aveux. Ainsi, nous apprenons que notre héroïne est initiée à la vie sexuelle par un « petit cousin qui avait quinze ans - j’en avais quatorze - était déjà vicieux et m’apprit des choses qui me firent frissonner aussitôt de remords et de volupté. [6] » La troisième partie est consacrée à ses égarements sexuels. La jeune fille est parvenue à sa seizième année. Elle essaie de résister à ses désirs sexuels : « ... je me laissai de nouveau aller aux plaisirs coupables... [7] », mais sans grand succès. Dans ses activités sexuelles semblaient débridées, après s’être assouvie et « calmée » elle constate que : « C’est à ce moment terrible, après l’innocence perdue, et avant le remords d’aujourd’hui, à ce moment où de tous les moments de ma vie j’ai le moins valu, que je fus plus appréciée de tous. [8] » Désir sexuel féminin, érotisme, le récit intrigue. Comme il s’agit d’un style confessionnel, c’est-à-dire d’un genre qui s’inscrit dans la modalité de production de discours « vrai », notion mise en avant par Foucault. Citons l’auteur : « L’aveu a été, et demeure encore aujourd’hui, la matrice générale qui régit la production du discours vrai sur le sexe. Il a été toutefois considérablement transformé. [...] Les motivations et les effets qu’on attend se sont diversifiés, de même que les formes qu’il prend - interrogatoires, consultations, récits autobiographiques, lettres ; ils sont consignés, transcrits, réunis en dossiers, publiés et commentés. [9] » Dans le récit, la jeune fille affiche un moralisme et un désir d’authenticité. Mais derrière elle, il y a son créateur littéraire, M. Proust. Et dans la quatrième partie, commence « l’hiver de ma vingtième année », notre héroïne est désormais une jeune femme. Elle cherche à se repentir et veut se marier, bien qu’elle soit sous influence d’une mère malade et elle ne veut pas être séparée d’elle. Elle a un fiancé. Et dans ce contexte de son récit, nous apprenons qu’elle a un « confesseur ». Nous supposons qu’elle a eu besoin de consulter son « confesseur ». La jeune femme va donc à l’Église pour se confesser à un prêtre, selon le rituel catholique : « Alors j’eus le courage de dire toutes mes fautes à mon confesseur. Je lui demandai si je devais le même aveu à mon fiancé. Il a eu la pitié de m’en détourner, mais me fit prêter le serment de ne jamais retomber dans mes erreurs et me donna l’absolution. [10] » Il s’agit d’un pardon chrétien, selon le rite catholique.

Ici, il faut signaler que Proust met une épigraphe dans l’incipit, tirée de l’Imitation de Jésus-Christ (attribué à Thomas a Kempis, il y a quelques 600 ans) caractéristique du mystique chrétien, qui met en garde contre les désirs charnels. Et aussi que, la jeune fille qui mène un combat contre elle-même et fait appel à sa volonté pour redevenir chaste, fait allusion à saint Augustin (il s’agit de ses Confessions) : « Si, comme l’a dit saint Augustin, il est plus difficile de redevenir chaste que de l’avoir été, je connu alors une vertu difficile. [11] » Mais cette confession ne calme ni sa conscience coupable ni son angoisse. La narratrice souffre, mais pas à cause de la culpabilité chrétienne ; son angoisse semble plutôt existentielle comme si elle n’arrivait pas à la formuler. Encore un échec, qui sera fatal. Sa mère, surprise de la trouver dans les bras de son amant, meurt sur le coup d’une crise d’apoplexie. Après ce drame, la jeune femme fait une tentative de suicide. Un suicide raté, qui est déjà annoncée dans l’incipit du récit nous : « Enfin la délivrance approche. Certainement j’ai été maladroite, j’ai mal tiré, j’ai failli me manquer. Certainement il aurait mieux valu mourir du premier coup, mais enfin on n’a pas pu extraire la balle et les accidents au cœur ont commencé. Cela ne peut plus être bien long. Huit jours pourtant ! […] Si je n’étais pas si faible, si j’avais assez de volonté pour me lever, pour partir, je voudrais aller mourir aux Oublis, dans le parc où j’ai passé tous mes étés jusqu’à quinze ans. [12] ».
Comme elle l’a dit, elle souhaite mourir sur les lieux de son enfance, signe de l’affirmation du lien à sa mère. Ce souhait permet à Proust d’introduire le procédé « flash-back » dans le récit, où l’incipit et la fin se rejoignent : « Ce n’est pas la dernière fois que je vous le raconte ; je vous l’ai dit, je me suis presque manquée, je m’étais pourtant bien visée, mais j’ai mal tiré. Pourtant on n’a pas pu extraire la balle et les accidents au cœur ont commencé. Seulement je peux rester encore huit jours comme cela et je ne pourrai cesser jusque-là de raisonner sur les commencements et voir la fin... [13] » La narratrice qui dit « je » fait son récit confessionnel dans l’ambiance prévisible d’une mort prochaine sous forme de monologue, adressé à un public anonyme. Le récit s’étend sur une période d’une dizaine d’années. On voit l’héroïne évoluer de l’enfance à l’âge adulte. Elle ne décline pas son nom, et garde sa distance. Mais à la fin, comme nous avons vu, elle dit vous. Après la tentative de suicide raté, dans l’attente de la mort, par ses aveux successifs, elle fait le bilan de sa vie. L’emploi au singulier du terme « confession » serve à orienter les lecteurs, les aidant à connaître les fautes de la narratrice et sa tentative de repentir ratée.
Quelle relation s’établit entre l’écrivain Proust et sa création littéraire ? On peut l’analyser comme le suggère Philippe Lejeune, la relation particulière qui existe entre l’écrivain et son texte : « Comment distinguer l’autobiographie du roman autobiographique ? », c’est la question que se pose P. Lejeune dans Le pacte autobiographique, en reprenant sa problématique initiale. Pour notre problématique, cette question peut-elle concerner Proust ? En tant qu’un romancier, s’identifie-t-il volontiers avec la narratrice ? Selon P. Lejeune : « Il faut bien avouer, si l’on reste sur le plan d’analyse interne du texte, il n’y a aucune différence. Tous les procédés que l’autobiographie emploie pour nous convaincre de l’authenticité de son récit, le roman peut les imiter, et les a souvent imités... ». Cela peut être une explication « tant qu’on se borne au texte, moins la page du titre », mais dès qu’on englobe celle-ci dans le texte, avec le nom de l’auteur, on dispose d’un critère textuel général, l’identité du nom (auteur- narrateur - personnage) « qu’il nous renvoie au « pacte autobiographique, c’est l’affirmation dans le texte de cette identité, renvoyant en dernier ressort au nom de l’auteur sur la couverture [14] » Dans cette perspective, l’identité connaissable entre l’auteur et ses œuvres est un pacte supposé qui peut avoir plusieurs formes, mais le lecteur ne se trompe pas sur l’identité de l’auteur. Par ce procédé, l’écrivain fait de sa propre existence, lorsqu’il met l’accent sur sa vie individuelle dans une manière rétrospective, en particulier sur l’histoire de sa personnalité. Cette explication a aussi sa limite. Car la mise en relation du titre avec l’identité de l’auteur exclut l’aspect autobiographique du récit ; il s’agit du récit confessionnel d’une jeune fille, où le je du narrateur ne saurait donc être identique avec celui de l’auteur, Proust. Nous pouvons alors considérer ce récit comme une fiction romanesque. Sous son aspect confessionnel, La Confession d’une jeune fille est une fiction de Proust. Il ne s’agit pas de ses confessions. Il ne dit pas Je. Proust disait à Gide : « La Confession d’une jeune fille », aveu ou fiction ? « Vous pouvez tout raconter, s’écrie-t-il ; mais à condition de ne jamais dire : Je. [15] » Admettons que le je féminin dans le récit est le porte-parole du Proust. Mais en choisissant un personnage féminin, il a clairement pris distance. Dans ce cas, il faut constater aussi l’inversion sexuelle, où le « je » masculin est remplacé par un « je » féminin. Si c’est le cas, donc Proust a-t-il voulu éviter d’écrire sa « Confession d’un jeune homme » ? Quelles sont été les vraies intentions de Proust ? Signalons que sur ce sujet, il y a déjà une explication avancée : « Maurice Bardèche a insisté sur le contenu autobiographique de la « Confession d’une jeune fille », visible dans la topographie de la nouvelle et lisible à travers une série de transpositions : une jeune fille à la place d’un jeune homme, amour hétérosexuel à la place de l’amour homosexuel… (Dictionnaire Marcel Proust Volume 1 A-I, Publié sous la direction d’Annick Bouillaguet et Brian G. Rogers, Honoré Campion, 2015, p.229 :« Confession d’une jeune fille(la) ») » Je pense que le débat n’est pas clos.
Et pour ma part, en étudiant ce texte, j’ai voulu souligner les ambiguïtés de l’écriture romanesque ; à travers le désir de se raconter, il y a toujours un ego qui transparaît, et sans ça il n’y a ni autobiographie, ni confession, ni roman.

Mehmet Aydin

Notes

[1M. Proust, Contre Sainte-Beuve Pastiches et mélanges Essais et articles, Éditions Gallimard, 1971, p.640.

[2M. Proust, Correspondance (Texte établi, présenté par Philippe Kolb, Plon, 1990, tome XVIII, p.464.)

[3Marcel Proust, Correspondance XIX, p. 630-31(texte établi, présenté par Philippe Kolb, Plon, 1990)

[4Voir Anne Henry, « Imaginaire pour une autobiographie fictive : A la recherche du temps perdu de Marcel Proust », in Autobiographie et biographie : Collègue de Heidelberg (textes réunis et présentés par Mireille Calle-Gruber et Arnold Rothe, Librairie A.-G. Nizet, Paris, 1989, p.126-127.

[5Roland Barthes, Le Degré zéro de l’écriture, Editions du Seuil, 1953, p.50-54.

[6M. Proust, La confession d’une jeune fille suivit La fin de la jalousie, folio Gallimard, 1993, p.34-35.

[7M. Proust, La confession d’une jeune fille, p.42-43.

[8M. Proust, La confession d’une jeune fille, p.43.

[9M. Foucault, Histoire de sexualité I La volonté de savoir, Éditions Gallimard, 1976, p.84-85.

[10M. Proust, La confession d’une jeune fille, p.45.

[11M. Proust, La confession d’une jeune fille, p.45-46.

[12M. Proust, La confession d’une jeune fille, p.31-32.

[13M. Proust, La confession d’une jeune fille, p.51.

[14P. Lejeune, Le pacte autobiographique, Seuil, Paris, 1996, p.26.

[15A. Gide, Journal (1889-1939), tome I, Bibliothèque de la pléiade, 1948, p.692.