À paraître - La police de mœurs. Malaise dans la morale sexuelle


À paraître le 23 septembre 2021, aux éditions Eterotopia

Alain Brossat et Alain Naze

LA POLICE DE MŒURS
Malaise dans la morale sexuelle

Ce livre est une traversée analytique et critique, généralement sérieuse, parfois ironique, des mutations en cours en matière de police des mœurs et de morale sexuelle. Ces évolutions sont si rapides, si fiévreuses, qu’elles mettent à rude épreuve nos conduites, nos pratiques discursives et nos sensibilités. Si bien que même les plus ouverts à la nouveauté et aux mises à jour y perdent parfois leur latin et se trouvent en retard d’un changement de décor dans le champ des normes. Une nouvelle police des mœurs se dessine, un nouvel âge de la morale sexuelle – mais de quoi au juste cette nouvelle époque est-elle faite ?

De droits nouveaux, bien sûr, des luttes contre les discriminations, la stigmatisation, les violences dont souffrent les femmes et les minorités sexuelles ; de protections nouvelles accordées à ceux et celles que leurs orientations ou ce qu’ils-elles définissent comme leur identité sexuelle distinguent de la majorité. Mais combien ces mutations sont inégales selon les situations et les contextes ! Et surtout, que de faux-semblants et de leurres lorsque ce dont on nous dit qu’il porte la marque la plus irrécusable du progrès dans les mœurs adopte cette tournure si distinctement punitive et vindicative que tout élan en faveur de l’émancipation y trouve son tombeau…

Envisager unilatéralement les sexualités sous l’angle du droit, de la norme et de la punition de ce qui s’en écarte, c’est se laisser emporter par le rêve sinistre d’un domaine sexuel d’où toute trace de la transgression aurait été effacée. Or, les liens des sexualités, quelles qu’elles soient, à la transgression sont indissolubles, pour le meilleur comme pour le pire. La notion d’une sexualité entièrement soumise aux normes, intégralement moralisée, bannissant les écarts coupables n’est pas seulement une lubie moralisante, c’est une tentation dont les affinités avec le fascisme sont distinctes. Civiliser les sexualités, sans doute, mais certainement pas en plaçant ce programme sous le signe du sexe coupable, en général, et de sa répression.