Hong kong : le somnambulisme des mouvementistes


Vient de paraître aux éditions DELGA

Quatrième de couverture :

Hong Kong et son « mouvement » sont un petit rouage dans le dispositif actuel de la nouvelle guerre froide et ce dispositif a besoin plus que jamais de mots puissants qui soient aussi creux que puissants dans l’usage qu’en font ceux qui, un peu partout, poussent les feux de l’affrontement entre l’Occident en perte d’hégémonie et ce qui se cristallise aujourd’hui autour du signifiant « la Chine » – totalitarisme, démocratie, liberté, droits de l’homme… Le fait même de transfigurer Hong Kong (qui est quand même avant tout une oasis du mercantilisme d’une part, un microcosme mafieux de l’autre, une société divisée en patriciens et plébéiens enfin) en vitrine de la démocratie dans ses habits du dimanche – cela demande quand même un peu d’imagination et, aussi bien, cela donne une idée assez suggestive de la valeur que ceux qui se livrent à cette opération accordent à ce mot puissant – démocratie. Dans son endurance, dans sa virulence même, ce mouvement s’est aujourd’hui totalement enferré dans les contraintes géo-politiques qui pèsent sur lui, il s’est lui-même livré en otage à la guerre larvée et de plus en plus ouverte qui fait rage entre les États-Unis (et, plus généralement, l’Occident global) et la Chine. La première leçon qui se tire de ce mouvement, c’est que la référence obsessionnelle au signifiant vide « la démocratie », c’est, dans un contexte comme celui-ci, le raccourci le plus direct qui conduit à la contre-révolution trumpienne.

ALAIN BROSSAT est né en 1946. Après avoir enseigné la philosophie à l’Université Paris VIII Saint-Denis, il est actuellement professeur invité à l’Université nationale Chiao-Tung, à Taïwan.