LES SERVITEURS SONT FATIGUÉS (Les maîtres aussi) Alain Brossat
LES SERVITEURS SONT FATIGUÉS
(Les maîtres aussi)
Alain Brossat
Collection Quelle drôle d’époque !
ISBN : 978-2-336-00860-8 • avril 2013 • 68 pages Prix éditeur : 10,5 €
Cet essai décrit le retour de la figure très ancienne de l’affrontement du serviteur avec son maître, au cœur des rapports capitalistes contemporains, au temps de la crise sans fi n de la démocratie libérale.
La dérégulation généralisée des relations entre le capital et le travail, la disparition toujours accélérée des emplois à statut, la « flexibilisation » du travail (c’est-à-dire la précarisation croissante des salariés), se conjuguent avec la crise de la représentation qui dépouille les couches populaires de ce qui leur restait de capacité politique.
C’est dans ces conditions que revient en force, avec les nouvelles formes d’exploitation, d’aliénation et de mépris social, la figure du serviteur. C’est ainsi que se dessine, au fil du processus de globalisation, le nouveau visage de la subalternité.
Alain Brossat est professeur émérite au département de philosophie de l’université Paris-8 Saint-Denis. Ses recherches portent sur les formes de violence modernes, les technologies de pouvoir, les problèmes de la démocratie contemporaine. Son dernier ouvrage paru est Autochtone imaginaire, étranger imaginé – retours sur la xénophobie ambiante (Éditions du Souffle, Bruxelles).
Photographie de couverture : Hui-Chen
EXTRAIT
La division, soutient Marx dans les premières lignes du Manifeste du Parti communiste, est l’immémorial, le toujours déjà- là, serti dans la vie sociale1. La vie que l’on dit commune, c’est la vie d’emblée divisée par la lutte, l’affrontement, une sorte de guerre – la lutte des classes. Dan le Discours sur la première décade de Tite-Live, Machiavel ne disait pas autre chose : simplement, il nommait « tumultes » ce que Marx place sous le signe de la lutte des classes. Les tumultes, plutôt que les bonnes lois, comme fondement de l’exemplarité et des vertus de la République romaine2. Plutôt qu’origine, scène originaire ancestrale vers laquelle il conviendrait de remonter pour comprendre les enchaînements de causes et d’effets dont notre présent serait le résultat, la division est ici posée comme une condition et une provenance (Herkunft) auxquelles il nous faut sans cesse revenir lorsque nous tentons de nous donner prise sur notre propre actualité. La lutte des classes, dit Marx, c’est l’histoire des enchaînements ininterrompus entre différentes figures de la division, chacune correspondant à une formation historique et sociale : « homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon… ». L’élément invariant, c’est « l’oppression », toute histoire étant histoire de l’oppression, l’un supposé de la vie commune, de l’existence sociale en partage, se divise toujours en deux, sur un mode qui est celui de l’antagonisme et de l’affrontement – des « oppresseurs » d’un côté, des « opprimés » de l’autre. La division n’est pas ici un simple principe de répartition ou de séparation, elle est un principe dynamique dont l’élément moteur est « la lutte », « l’opposition perpétuelle » des uns et des autres.
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