Parution Walter Benjamin et la forme plastique
W. Benjamin est un penseur essentiel de la technique comme déploiement de la nature, c’est la raison pour laquelle il abordera la photographie, la radio, et le cinéma sans complexes.
Mais on doit distinguer chez lui deux époques de la technique et de la transmission, suivant le critère de l’événementialité : soit les choses n’ont lieu qu’une fois, c’est l’époque du don, de l’artisanat et des narrations. Ce qui arrive a de l’aura. Soit tout est reproductible, on peut toujours tout recommencer, c’est l’époque de l’industrie, de la masse et du jeu cinématographique, seules les traces comptent.
Or, c’est grâce à la lecture de l’historien de l’architecture S. Giedion, en 1929, qu’il va découvrir l’architecture industrielle du XIXème siècle et ses prolongements modernes. Cette architecture apporte des solutions techniques nouvelles à des problèmes classiques parce qu’elle inaugure un autre mode de la forme.
Jusqu’ici la forme avait été pensée sous la dépendance de ce qui la nomme, le modèle était théologique. Dorénavant, la forme technique (la forme plastique) résout une difficulté architectonique, mais en plus s’impose au monde de l’art et de la littérature.
En effet, la forme plastique érige en principe le montage par éléments constructifs. Les éléments d’un hall d’exposition ou d’un pont métallique sont immédiatement saisissables, exposables.
Transférer au monde du texte, cela implique qu’il n’y a pas à rechercher une vérité cachée. Il faut prendre les choses au pied de la lettre. Il en va de même pour la traduction.
W.Benjamin a ainsi jeté les bases d’une esthétique topologique.
J.L.Déotte est professeur des Universités à Paris 8 Saint-Denis, membre du laboratoire GERPHAU (UMR LAVUE), responsable de thème de recherche à la MSH Paris Nord et animateur de la revue en ligne
(la lettre de W.Benjamin à S. Giedion a été traduite par Laurent Stalder (gta, ETH, Zürich) et Georges Teyssot (Université Laval, Québec) et reproduite avec l’aimable autorisation du gta Archiv/Benutzung de l’ETH de Zürich (D.Weiss).
Remerciements
Ce livre est le résultat des travaux de séminaires de doctorat de philosophie tenus à la MSH Paris Nord depuis 2007. Je le dédie aux doctoranrs. Certains chapitres furent à l’origine des conférence : dans le cadre de l’école doctorale « Pratiques et théories du sens », à l’initiative de D.Tartakowsky (La ville dans les sciences humaines ), dans celui de l’EHESS-INHA à l’invitation de G.Didi-Huberman (L’histoire de l’art depuis W.Benjamin), puis de Ch.Bernier à l’Université de Montréal, de V.Campan à l’Université de Poitiers (Réfléchir la projection), de Maria Tortajada à l’Université de Lausanne ( Cinéma et dispositifs audiovisuels), de L.Andreotti à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris la Villette (Spielraum : W.Benjamin et l’architecture), de D.Skopin à l’Université de Nijni-Novgord (La philosophie au croisement des cultures et des disciplines : à partir de W.Benjamin).
Le croisement des disciplines et des langues dont il se veut l’expression n’a été possible qu’au sein de la MSH Paris Nord, sous le l’œil bienveillant de son directeur P. Moeglin et de son équipe (G. Popovici, A. Paly, Flavie Jeannin, S. Guindani, M. Porchet). C’est dans ce lieu exceptionnel que nous avons pu suivre les développements des travaux de G.Teyssot, J.Boulet, J.H.Barthélémy, A. Sédes, A. Brossat, Ph. Baudouin, D. Ledent, L. Odello, P. Szendy, A. Naze, S. Mariniello, E. Méchoulan, M. Hohlfeldt, B. Ochsner, A. Rieber, G.Roesz, M. Berdet, V. Fabbri, P.D. Huyghe, J.Lauxerois, G. Rockhill, E.Alloa, J.Rancière, G. Didi-Huberman, M. Girard, D. Payot, L.Manesse-Césarini, S.Guindani.
Une pensée affectueuse à mes relectrices : A.Roussel et L. Manesse-Césarini.