La part du jeu - Atelier de philosophie plébéienne - Samedi 22 juin 2019
Gîte Le Closet Fertans (17-19 gde rue, 25330)
Atelier... cela veut dire un essai d’abandon de l’autorité du maître et de la posture d’élève au profit d’une tentative de production en commun.
Centre de Réflexion et de Documentation sur les Philosophies Plébéiennes
de l’association « Voyons où la philo mène... »
La part du jeu
9h Accueil
9h30-11h « Parce que jouer n’est pas faire semblant » Philippe Roy
J’aborderai la teneur existentielle du jeu. L’existence humaine n’est-elle qu’un grand jeu où chacun devrait jouer rôle sur rôle ? Le jeu s’insère-t-il dans le rapport que nous avons avec nous-même et les autres ? Dès lors, nous serions dans des postures, voire même des impostures. A bien y regarder, ce type d’évaluation impliquerait alors que le jeu existentiel soit de l’ordre du "faire semblant" (conscient ou non), ressemblance à des modèles, des identités. Mais d’où proviennent ces modèles, ces identités ? Ne pourrions-nous pas penser que les modèles ont été joués avant de devenir des modèles ? Cette hypothèse renversante signifierait alors que le jeu aurait un mode d’existence non subordonné aux identités, aux modèles. Ainsi, les enfants jouent aux Indiens mais les Indiens eux-mêmes jouaient déjà aux Indiens... Est-ce possible de soutenir pareille hypothèse, comment et sous quelles conditions ? J’essaierai d’y répondre en me prenant philosophiquement au jeu.
11h-12h30 « Expérimenter philosophiquement les jeux vidéo. Essai de caractérisation de l’expérience esthétique ludique » Michaël Crevoisier
Parmi la grande variété des formes ludiques le jeu vidéo en est une qui, en moins de quarante ans, s’est massivement imposée dans les pratiques culturelles en proposant un type d’expérience radicalement nouveau. Mais comment appréhender cette nouveauté ? En quoi la philosophie serait-elle susceptible d’y trouver matière à penser ? Il semble qu’une spécificité de l’expérience vidéoludique réside dans son caractère dual : ludique et esthétique. Ce partage qui recoupe la différence entre le jeu et l’art, certains jeux-vidéo invitent à l’interroger. À travers leur expérimentation (au sens méthodologique que Gilles Deleuze attribue à ce concept) nous chercherons à comprendre en quoi les affects inédits qu’ils procurent impliquent une transformation des problèmes à partir desquels nous pensons habituellement le fait de jouer. En particulier, nous nous intéresserons au sens de l’expression « se prendre au jeu ». Par-là nous proposerons une caractérisation de l’expérience esthétique ludique.
12h30 Apéro puis repas
15h30-17h « Jouer au chat et à la souris avec soi-même » Joana Desplat-Roger
Lors de cette communication, nous déplierons les aspects les plus inventifs de l’esthétique du jeu de François Zourabichvili, révélée en 2018 dans l’édition posthume de l’un de ses cours (L’art comme jeu, texte établi par Joana Desplat-Roger, coll. « Collège international de philosophie », Presses universitaires de Nanterre, 2018). Cet ouvrage repose sur une proposition forte : l’art n’exprime pas le contenu de subjectivité de l’artiste (de telle sorte que l’artiste « déverserait » son intimité sur un public aux tendances de facto voyeuristes), mais l’art ouvre un espace de jeu par lequel l’artiste joue au chat et à la souris avec lui-même. Par cette image du chat et de la souris, François Zourabichvili illustre de manière didactique la « reconnaissance non-mimétique » qu’il situe au cœur de l’acte de création : l’œuvre n’est pas le reflet de l’artiste (dans lequel il pourrait se contempler, tel Narcisse) ; elle est la mise en jeu active de ses désirs, et de ses hantises. Nous montrerons comment cette description de la création artistique permet de battre en brèche un grand nombre de clichés sur l’art, en particulier concernant la question de la musique (la survalorisation de la musique savante par rapport à la musique populaire, la vision psychologisante et romantique de l’improvisation…).
17h30-19h Théâtre : Fin de journée d’André Benedetto avec Evelyne Neuvelt et Marco Candore. Mise en scène Laure Porta
un vieil acteur / et une vieille actrice / côte à côte étendus
elle est dans les nuages / il plane dans le Cid
l’expérience d’acteur / le voyage intérieur / et le plaisir de dire / de mâcher dans les mots
le plaisir de jouer / et l’éloge du radotage
c’est à la fin du jour / peut-être au bord de la mer / dans un morceau de paix
Auteur, comédien, poète, metteur en scène, directeur du Théâtre des Carmes et fondateur du festival Off d’Avignon, André Benedetto est une figure emblématique du théâtre politique et militant dès les années 60. Il a considérablement influencé toute une génération d’acteurs - entre autres, un certain Philippe Caubère...
Écrite en 2002, Fin de journée est une pièce en forme de bilan, bilan joyeux, poétique, tendre et ironique.
Elle dit avec passion et drôlerie l’amour de la vie, du théâtre et des acteurs.
19h Apéro puis repas
Inscription obligatoire avant le samedi 15 juin
Tarif de la journée (interventions + repas midi, boissons comprises) : 20 € (15 € chômeurs, étudiants). Sans le repas du midi : 5 € par demi-journée.
Possibilité d’hébergement au gîte "Le closet" de Fertans. Repas du soir au gîte : 10 €. Nuitée du samedi : 20€
Week-end complet (avec repas et nuitée du vendredi soir) : 75 €. Réduction pour chômeurs, étudiants et enfants.
Possibilités de transport depuis les gares de Besançon le vendredi (maximum 20h), retour le dimanche (minimum 11h30).
Inscription et renseignements :
crdpp25@gmail.com ou Philippe Roy 06 51 38 43 45 http://reseau.philoplebe.lautre.net/