Rencontre avec Alain Naze à l’occasion de la parution du Manifeste contre la normalisation gay le mardi 10 octobre à 19h30 à la librairie Le Merle moqueur (51 rue de Bagnolet, 75020 Paris).

Il ne s’agit pas de simplement se demander pourquoi les gays sont passés à droite. D’entrée de jeu, l’auteur récuse cette interrogation, parce qu’elle confond le symptôme et le mal réel. Si les idées islamophobes et racistes ont pu pénétrer la dite « communauté homosexuelle », c’est en raison d’un problème bien plus structurel : la normalisation, autant voulue par les intéressés que menée par l’État, d’une partie des personnes gays et lesbiennes. Cette lame de fond a rencontré son apogée lors de la consécration du « mariage pour tous », présenté comme une victoire d’une revendication, portée de longue date.

Naze rappelle que, dès l’obtention du Pacs, les mouvements gays et lesbiens avaient fait un pas en arrière par rapport à l’exigence d’un Contrat d’union civile aux prérogatives bien plus larges que le seul couple en situation conjugale. Ce qui est en jeu dans la lutte homosexuelle, et ce depuis les années 1970, c’est précisément la possibilité d’autres modes de vie, d’autres pratiques amoureuses, affectives, amicales, que celles proposées par le modèle hétérosexuel et bourgeois.

Or, en se focalisant sur la revendication du mariage, les mouvements gays et lesbiens ont en partie renoncé à un tel potentiel subversif, pour obtenir la tolérance, voire l’indifférence, de la société hétérosexuelle dominante.

En dressant ce constat sans appel, Naze nous invite simultanément à réimaginer d’autres possibles, à retrouver l’élan utopique de Guy Hocquenghem, du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR).

Alain Naze enseigne la philosophie à Mayotte.
Il est l’auteur de Temps, récit et transmission chez W. Benjamin et P.P. Pasolini (2011, 2 volumes), Jacques Demy. L’enfance retrouvée (2014), et il a dirigé l’ouvrage collectif Walter Benjamin. Politiques de l’image (2015).