Atelier de philosophie plébéienne Samedi 12 décembre 2015
« La mort cellulaire : un enjeu biologique, politique et cinématographique »
Gîte Le Closet Fertans (17-19 gde rue, 25330)
A l’heure où la société n’a de cesse de s’interroger sur la question de la place de la mort dans le cadre des conduites démocratiques que ce soit d’un point de vue purement social (euthanasie) ou que ce soit d’un point de vue plus médiatique (faut-il montrer une décapitation ?), la conception de la mort reste toute pénétrée de religiosité : la mort est tabou.
Des études en biologie ont commencé à voir le jour depuis quelques années qui ont esquissé une façon nouvelle de penser la mort. Celle-ci ne serait pas l’insaisissable, mais logée au cœur de nos cellules, au plus profond de nos corps. Cette représentation du vivant imbrique la vie et la mort, la mort serait déjà là tapie au cœur de nos cellules, elle ne serait pas celle qui arrive en traître, sans qu’on puisse l’attendre. Elle serait un processus même de la vie, un comportement du vivant. Ces études suivent pour une partie le travail ouvert par le médecin de réputation mondiale Jean Claude Ameisen à qui l’on doit la belle ouvrage : La sculpture du vivant.
Ce qui s’ouvre avec de telles études c’est surtout une sorte d’ouverture nouvelle à ce qui se joue ailleurs que dans le vivant : par exemple dans la société. N’assimilons-nous pas trop vite la société à un organisme, dans l’image grossière et si peut vivifiante du corps politique ? Savons-nous dans quel corps politique nous habitons ? Quand nous pensons le politique en résonance avec des catégories du vivant, pouvons-nous le faire en mettant de côté ces processus de mort cellulaire ?
Et c’est peut-être finalement avec le cinéma qu’on donnerait le mieux à entendre cette résonance de la vie. Car il a posé ces types de questionnement, à sa façon, comme nous pourrons le voir avec l’exemple de L’âge de cristal. C’est en faisant la généalogie de la mort dans le cinéma que celle-ci prendra toute sa portée plébéienne.
10h-12h30 « La mort, insaisissable alien ? Le point de vue d’un biologiste » Abdel Aouacheria (Laboratoire de Biologie Moléculaire de la Cellule, E.N.S Lyon)
La mort est souvent perçue comme la négation de la vie, la vie comme l’antithèse de la mort. La biologie, par l’étude de la mort cellulaire, a permis de transcender ce manichéisme. La mort n’apparait plus comme extérieure à la vie, mais comme un processus tangible, à l’œuvre dans le vivant. Si la mort peut être créatrice, son dysfonctionnement peut aussi être la cause de pathologies mortelles (cancer). Ce discours biologique peut-il vraiment être étendu pour raisonner, en général, sur les relations entre la vie et la mort ? En quoi peut-il nous concerner, nous autres, pauvres mortels ?
12h30 Repas
14h30-16h Film « L’âge de cristal » de Michael Anderson
16h-18h30 « Cristal de mort dans le cinéma » Joachim Dupuis
Longtemps, le cinéma a considéré la mort comme un événement extérieur venant interrompre la vie des hommes (crime, guerre) si bien que lorsque le cinéma fantastique des années expressionnistes s’en empare, il lui donne une aura religieuse (le vampirisme). Ce n’est peut-être qu’avec l’expérience terrible des camps de la mort que le cinéma intègre - par la voie documentaire - les charniers, et avec eux, c’est le caractère insupportable des corps meurtris, décomposés, brûlés qui vient au spectateur. Pourtant, dans les années 60-70, le cinéma indépendant va ouvrir la voie à une nouvelle perception de la mort, plus biologique – et surtout plébéienne : en ce que ce cinéma s’échappe du modèle classique des films d’Hollywood, et qu’il le fait en s’y attaquant comme un virus. Le cinéma hollywoodien d’alors, pourtant en crise, va lui aussi chercher à survivre en emboitant le pas à ce tournant biologique de la mort. Il va offrir aux spectateurs ses propres "cristaux de mort", c’est-à-dire des films dans lesquels les personnages sont tenus uniquement par des forces biopolitiques (L’âge de Cristal) ou bio-cosmiques (Star Wars) qui les contraignent, même si, grâce aux génies de certains cinéastes, émergent ici et là des échappées plébéiennes, quelques belles envolées de liberté qui donnent au cinéma une valeur exemplaire.
18h45 Lecture de « Soubresauts (Samuel Beckett) » par Marco Candore
19h30 Repas
Tarif de chaque repas du samedi : 10 €. Possibilité d’hébergement au gîte vendredi soir et/ou samedi soir, tarif : 15 € la nuitée.
Possibilités de transport depuis les gares de Besançon le vendredi (maximum 21h), retour le dimanche (minimum 11h30).
Inscription et renseignements : crdpp25@gmail.com ou Philippe Roy 06 51 38 43 45
http://centre.philoplebe.lautre.net/